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PRESSE "Chansons sans gêne"
LE
MONDE Le
25.03.2017
Par Sylvain Siclier
Nathalie Joly fait revivre la verve d’Yvette Guilbert
La chanteuse et actrice présente son troisième spectacle consacré
à « la plus moderne des chanteuses d’antan »
Depuis une dizaine d’années, la chanteuse et actrice Nathalie Joly
fait vivre, par des spectacles et des disques, la mémoire artistique
d’Yvette Guilbert (1865-1944). Vedette des cafés-concerts à
la fin du XIXe siècle, longue silhouette immortalisée par Toulouse
-Lautrec (1864-1901), elle imposa des choix de chansons graves, troubles, réalistes,
poétiques, quand l’époque voulait de l’amusement et
de la gaudriole. Elle était « la plus moderne des chanteuses d’antan
», écrivait Véronique Mortaigne dans Le Monde du 25 décembre
2009
Après Je ne sais quoi, évocation de la correspondance de la chanteuse
avec Freud, En v’là une drôle d’affaire et son parlé-chanté
novateur, voici Chansons sans gêne, troisième spectacle de la trilogie
que Nathalie Joly consacre à Yvette Guilbert. Créé en 2015,
passé par Avignon en 2016, il est programmé jusqu’au 27
mars à la Vieille-Grille, petite salle parisienne qui accueille régulièrement
la chanteuse, accompagnée pour l’occasion du pianiste Jean-Pierre
Gesbert, dans une mise en scène de Simon Abkarian.
Terrifiantes, fantaisiste ou polissonnes, les chansons
empruntent un vaste registre.
Dans ce troisième épisode, Yvette Guilbert est âgée
de 60 ans, elle donne des conférences, transmet l’art de l’interprétation,
tourne dans quelques films, se produit dans un dernier concert à Paris
, en 1938… Chansons et textes y sont assemblés. Nathalie Joly dit
son aînée, ses réflexions sur sa vie artistique, la séduction,
la place des femmes dans un monde d’hommes, l’âge. Pas de
pathos, mais de l’ironie et des mots tranchants. Les chansons empruntent
à un vaste registre : terrifiantes histoires (Blues de l’absinthe,
dont le personnage central vit « dans la crainte de son ignoble partenaire
», L’Enfermée, dont la porte ne sera ouverte que le jour
de son enterrement), fantaisies (Nous nous plûmes), polissonneries (Les
Amis d’monsieur, pitoyables coqs devant « la petite bonne »),
portraits sensibles (A présent qu’t’es vieux, Fleur de berge).
Le pianiste est autant le musicien, le confident que le spectateur de Joly/Guilbert.
La chanteuse, par son expressivité vocale, ses variations de timbre dans
une même chanson, ses rages et ses caresses, donne pleine vie aux paroles.
Dans l’intimité de la petite salle, les mots et mélodies
s’imposent. En arrière de la scène, quelques projections,
ombres de personnages d’un univers totalement du présent. La trilogie
sera présentée au Théâtre du Soleil, du 28 septembre
au 22 octobre.
Sylvain Siclier
La Vieille-Grille 1, rue du Puits-de-L’Ermite, Paris 5e. Samedi 25 mars,
à 18 heures, dimanche 26, à 17 heures et lundi 27 à 20
h 30.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/musiques/article/2017/03/24/nathalie-joly-fait-revivre-la-verve-d-yvette-guilbert_5100005_1654986.html#RUEILEryvEcSeXQH.99
LIBÉRATION
le
2 décembre 2016 Par François Xavier Gomez
YVETTE
GUILBERT, ELOGE D'UNE PIONNIÈRE
Nathalie
Joly reprend à la Vieille Grille à Paris «Chansons Sans
Gêne», évocation d'un monstre sacré de la Belle Epoque,
féministe de la première heure et précurseure de la chanson
française moderne.
Nathalie Joly et le pianiste Jean-Pierre Gesbert dans le spectacle «Chanson sans gêne», en 2015. Photo Arnold Jerocki
Chansons sans gêne. Dans ce recueil de textes destinés à être chantés, le parolier montmartrois Xanrof, de son vrai nom Léon Fourneau, déployait à la fin du XIXe siècle sa verve sans tabou et son humour subversif. La chanteuse Yvette Guilbert (1865-1944) y a puisé une partie de son répertoire. Ces chansons et d’autres tout aussi oubliées sont au programme du spectacle que Nathalie Joly reprend pour quelques soirs à la Vieille Grille à Paris, et du CD qui en est tiré.
Nathalie Joly interprète Yvette Guilbert dans les deux sens du terme: elle reprend ses chansons et elle traduit dans un langage contemporain son esprit et ses engagements. Le répertoire de celle qu’on appelait «la diseuse fin de siècle» est essentiel dans le patrimoine de la chanson française. Par le choix de ses textes, elle donnait de la femme une image à rebours des codes dominants dans la société patriarcale et sexiste de son époque. Sa science de la scène, son art de faire vivre une chanson, ont révolutionné le monde du café-concert. Son héritage sera porté par Piaf et Barbara, Anne Sylvestre et Marie-Paule Belle… Un fil qui monte jusqu’à Catherine Ringer ou la jazzeuse Cecile McLorin Salvant, qui se réclame aujourd’hui de la grande Yvette.
Des
lettres de Freud
Pour Nathalie Joly, l’aventure a commencé par un heureux hasard:
en 2006, la Société psychanalytique de Paris lui demande une intervention
musicale dans le cadre d’un colloque, à l’occasion des 150
ans de la naissance de Sigmund Freud. Le père de la psychanalyse tomba
en effet sous le charme de la Guilbert quand, jeune médecin, il rendait
visite à Paris au docteur Charcot. Il trouvait dans ses chansons des
échos à ses propres préoccupations: la sexualité,
le désir d’émancipation des femmes, la drogue… Le
praticien et la diseuse échangeront des lettres, longtemps inédites,
que Nathalie Joly découvrira à Londres, dans les fonds du Freud
Museum. Cette correspondance inspirera un premier spectacle, Je ne sais quoi,
en 2008.
En 2012, En v’la une drôle d’affaire prolonge le travail de
Nathalie sur Yvette. Entre-temps, l’actrice-interprète a été
contactée par des collectionneurs, des proches de la chanteuse ou leurs
descendants, qui lui ont confié souvenirs, partitions inédites
et manuscrits. Elle a ainsi pu compléter le portrait de cette femme hors
du commun: un jour richissime (elle se fait construite un hôtel particulier
à Paris), le lendemain ruinée par une maladie des reins qui l’oblige
à interrompre son travail et à dédommager les théâtres
qui l’avaient engagée. Elle mène aussi carrière à
l’étranger, on la plébiscite de Berlin à Londres.
Au début du XXe siècle, elle part à New York avec l’intention
d’y ouvrir une école où elle transmettrait son art, mais
le mécène qui devait financer son projet se volatilise, la laissant
sur la paille. En 1928, elle résume son enseignement dans un livre l’Art
de chanter une chanson. Elle y théorise son «rythme fondu»,
qui passe du chant à la voix parlée. C’est l’origine
probable du Sprechgesang d’Arnold Schönberg et Alban Berg, qu’adoptera
plus tard Kurt Weill.
Blues et surréalisme
Troisième volet de la série, Chansons sans gêne (créé
l’an dernier au Théâtre de Lenche à Marseille) se
penche sur les dernières années de la vie d’Yvette Guilbert,
pendant l’Occupation, à Aix-en-Provence, où se cache son
mari juif. Au-delà de l’évocation historique, c’est
une belle occasion de découvrir de formidables chansons signées
Xanrof bien sûr, mais aussi Fragson, Jean Lorrain ou Gaston Couté:
la fine fleur de la bohème des années folles, un solide bataillon
d’anarchistes, de morphinomanes et d’invertis. Les thèmes
de la déchéance sociale des femmes (prostitution, alcool) y croisent
la réflexion sur la brièveté de la vie, parfois dans une
veine présurréaliste. La mise en scène de Simon Abkarian
concentre l’attention sur la parole, la force des mots qui nous parviennent
après un sommeil d’un siècle avec une force intacte. Et
auxquels le piano de Jean-Pierre Gesbert apporte de superbes teintes bluesy.
La Vieille Grille, avec ses quelques dizaines de places, est l’un des
derniers lieux de Paris à avoir conservé l’ambiance des
cabarets de la rive gauche. Pour ressusciter Yvette dans toutes ses facettes,
on ne pouvait rêver mieux meilleur écrin.
Chansons
sans gêne. Jusqu’au 4 décembre à la Vieille-Grille,
9 Rue Larrey, 75005. Vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 17
h. www.vieillegrille.fr/
Le 10 décembre à Viry-Châtillon (Théâtre de
l’Envol), le 8 mars à Aubagne (Le Comoedia).
Je ne sais quoi, premier volet de la trilogie, le 26 janvier aux Lilas (Théâtre
du Garde-Chasse).
CD paru chez Frémeaux & Associés.
François
Xavier Gomez
http://next.liberation.fr/musique/2016/12/02/yvette-guilbert-eloge-d-une-pionniere_1532190
LE
MONDE
Sélection albums
le 11 juillet 2016 Par
Sylvain Siclier
1 CD Marche la
route/Frémeaux & Associés.
Pochette de l’album « Chansons sans gêne », de Nathalie
Joly. MARCHE LA ROUTE-FRÉMEAUX & ASSOCIÉS
Libération Le 29 mai 2015
Par François Xavier Gomez
L'ALSACE 29-08-2016
AVIGNON
LA TERRASSE 28 juin / juillet 2016
CHANSONS
SANS GÊNE Le Petit Chien / Chant, texte, conception Nathalie
Joly / piano Jean-Pierre Gesbert / mes Simon Abkarian
AVIGNON - ENTRETIEN / SIMON ABKARIAN
Chansons sans gêne est le dernier volet du triptyque
dans lequel Nathalie Joly rend hommage à la grande Yvette Guilbert. Simon
Abkarian met en scène cet opéra de poche jubilatoire et pétillant.
CR : Pascal Gely
« Si le théâtre est une tribune, elle est poétique
et non pas politique ! »
Comment vous retrouvez-vous dans cette aventure ?
Simon Abkarian : Nathalie est une amie et j’adore son travail. J’avais
vu les précédents volets de ce triptyque et j’ai pris un
plaisir immense à mettre en scène la rencontre entre ces deux
femmes à la même fermeté humaine et artistique. Si Yvette
était toujours vivante, elles auraient été amies ! Yvette
Guilbert était une artiste et une personne à l’incroyable
prodigalité : elle est allée à New York, y a ouvert une
école d’art, a toujours inscrit sa vie dans une perspective artistique
; elle a inventé le chanter-parler : de Marlene Dietrich à Barbara,
toutes les grandes figures du music-hall sont ses héritières.
Quels sont vos choix de mise en scène ?
S. A. : C’est une pièce de théâtre, une sorte de mini-opéra
avec un pianiste et une femme qui chante. Tout part de la musique et on met
en scène chaque fait et geste. Il n’y a rien de gratuit ; la gageure,
c’est que ça ait l’air vivant et naturel (même si je
n’aime pas ce terme). Nous avons construit une histoire organique qui
permet l’enchaînement des chansons, sans que rien ne soit laborieux.
Ce n’est pas un simple tour de chant. Nathalie raconte Yvette Guilbert
sans être collée à elle. Il y a à la fois des chansons
d’elle et d’autres dont elle n’est pas l’auteur. L’œuvre
d’Yvette Guilbert est une matrice, elle a ouvert un sillon prolixe et
florissant : sans nous éloigner d’elle, nous suivons donc le chemin
qu’elle a ouvert.
Yvette Guilbert était une artiste engagée. Comment en rendre compte
?
S. A. : Une artiste engagée ? Non ! C’était une artiste
normalement constituée ! Elle s’interroge sur le monde, sur l’utilité
de son art, sur la condition des femmes. Elle a été l’amie
de Freud, des grands artistes et intellectuels de son temps ; elle était
complètement immergée dans ce monde qui réfléchit
sur le monde. Aujourd’hui, on critique les artistes qui s’engagent…
Mais n’est-ce pas la moindre des choses de le faire quand, dans son œuvre,
dans sa vie, on parle de la condition humaine ? « Sans gêne »,
ce spectacle parle des choses légères autant que des choses graves,
de sexe, des rapports entre les hommes et les femmes, de misère et de
politique. C’est festif même quand c’est tragique. Bien sûr
que la politique est présente, mais ce n’est jamais pesant, car
si le théâtre est une tribune, elle est poétique et non
pas politique !
Propos recueillis par Catherine Robert
IO
GAZETTE La revue du festival d’Avignon
9 juillet
2016
Splendide Yvette Guilbert
Amateur-trice-s de chanson et de café-concert, ne manquez pas ce spectacle
consacré à Yvette Guilbert, d’une qualité rare dans
le domaine des hommages aux chanteur-se-s disparu-e-s. Troisième volet
d’un triptyque dédié à la « diseuse fin-de-siècle
», cet épisode est consacré à la fin de sa vie, marquée
par un récital d’adieux au public parisien en 1938, les débuts
d’une carrière dans le cinéma à soixante ans passés,
et un engagement pour les droits des femmes (elle meurt à la fin de l’Occupation,
deux mois avant d’obtenir le droit de vote) : une vieillesse qui n’est
pas un déclin.
Le répertoire interprété par Nathalie Joly et Jean-Pierre
Gesbert fait alterner des chansons comiques et satiriques parfois corrosives
(« À présent qu’t’es vieux ») et des complaintes
mélancoliques (« Pourquoi n’êtes-vous pas venu ? »,
« Blues de la femme »), à l’image du répertoire
ambigu et complexe de l’artiste, alliant ombre et lumière, burlesque
et raffinements poétiques, puissance et vulnérabilité.
La mise en scène de Simon Abkarian fait jouer dans un équilibre
subtil le kitch, le charme suranné et la sobriété scénographique,
où quelques flashs suffisent à évoquer les feux de la rampe
et les failles du vedettariat. Il parvient à restituer le caractère
inactuel/intemporel de la chanson réaliste, dont Guilbert a été
une importante précurseure, ouvrant la voie à des chanteuses comme
Fréhel, Piaf, Barbara ou plus récemment Juliette.
Mais c’est sur l’interprétation virtuose de Nathalie Joly
que nous voudrions insister, sa capacité à interpréter
Yvette Guilbert, au sens fort du terme, en la rendant à la fois lointaine
– femme de son époque, saisie dans sa singularité, son étrangeté
– et proche – elle nous touche profondément. Fruit d’un
travail vocal et théâtral de longue haleine et d’une recherche
dans les archives de la chanteuse (écrits, conférences), il s’agit
là d’un vrai travail de composition. Pénélope
Patrix
Paroles
de femme
Des parfums d’absinthe, de cigarette, quelques notes d’un pianiste
à l’allure de dandy… Il y a là quelque chose qui nous
fait descendre sous les comptoirs du café-concert aux noms de paradis,
à l’abri des regards, pour ne pas entendre ce qui ne devrait pas
sortir de la bouche d’une femme. Pourtant, Yvette Guilbert n’était
pas de celles qui gardaient leur langue dans leur poche : provocante, drôle,
l’âme féministe, qui parle de l’amour comme on évoque
une main nue qui passe sous les rideaux d’un fiacre. Mais loin d’être
restée cachée, elle a mené toute sa vie une carrière
fulgurante : chanteuse de la fin du xixe siècle jusqu’à
la fin de la seconde Guerre Mondiale, admirée de Freud, conférencière,
auteure, puis actrice de cinéma dans les dernières années
de sa vie (on la retrouve notamment à jouer son propre rôle dans
« Faisons un rêve » de Sacha Guitry en 1936). Mais puisqu’il
s’agit ici de musique, Nathalie Joly interprète une Yvette qui
aurait tout de la vraie : un travail de la voix qui passe du parlé au
chanté, chose nouvelle à l’époque, où la distinction
entre les deux n’a plus lieu d’être. Elle inspirera d’ailleurs
plus tard des chanteuses illustres comme Barbara, et qui reprendra elle-même
« Les amis de monsieur ». Les chansons, entrecoupées d’extraits
de lettres, de ses discours, de ses écrits, évoquent une femme
qui revient sur un passé riche et parfois émouvant, qui a vécu
au jour le jour et sans regret. Le duo avec le pianiste Jean-Pierre Gesbert
apporte également une touche d’humour et de complicité attachante.
Il faut admettre que la belle simplicité du spectacle nous invite finalement
à nous intéresser à cette femme un peu oubliée aujourd’hui,
mais pourtant quelque part si familière : par une voix, une parole. Et
si vous n’en avez pas eu assez, le CD du spectacle sera édité
chez Frémeaux & Associés. Cécile Feuillet
Au Théâtre de la Tempête
WEBTHEATRE
19-05-2016
Chansons
sans gêne
par Gilles Costaz
Yvette Guilbert par Nathalie Joly, troisième épisode
Pour avoir une idée d’Yvette Guilbert, on peut se contenter d’une
chanson merveilleuse, Madame Arthur. Mais Nathalie Joly, qui réhabilite
l’œuvre et la personnalité de cette grande figure de l’avant
et après 1900, n’entendait pas en rester à une idée
! Elle est allée chercher dans l’épaisseur de l’oubli
et a rapporté des choses passionnantes, dont elle a fait des tours de
chant, des disques et de savants livrets. Elle a été la première,
et même l’unique, à publier la correspondance entre Yvette
Guilbert et Freud qui adorait la vedette du beuglant. Avec Chansons sans gêne,
nous en sommes au troisième récital. Les textes et les airs en
sont moins connus. Nathalie Joly a mis la main sur des chants vraiment effacés
de nos mémoires, comme celui, étonnant, où le Moulin Rouge
lui-même se met à parler et dit : « Je mouds pour un monde
meilleur ». Car Yvette Guilbert était une généreuse
qui se battait contre les inégalités et surtout le honteux déclassement
des femmes. Ses thèmes principaux sont l’amour polisson, mais aussi
la prostitution telle qu’elle est vraiment, l’échec de l’amour,
la solitude, l’alcoolisme, la vieillesse, plus l’espoir qu’incarne
l’enfance. Ainsi s’écoute, dans un tableau du monde de plus
en plus profond, La Buveuse d’absinthe, Toujours enceinte, Sur la scène,
Le Manque de mémoire, Ils sont mignons… Cette fois, la mise en
scène a été confiée à Simon Abkarian qui
a accentué le côté dru et sensuel, demandé peut-être
trop de gestes à Nathalie Joly mais a conçu un spectacle amplement
théâtral, très vivant, où de discrètes projections
sur le rideau en fond de scène prolongent une action partagée
entre la chanteuse et le pianiste. L’accompagnateur, en effet, l’excellent
Jean-Pierre Gesbert, qui s’est donné une tête de fêtard
coiffée par un chapeau melon et allongée par une barbiche grisonnante,
balance des répliques et, un instant, joue même Freud donnant son
point de vue à Yvette. En robe noire zébrée de violet,
Nathalie Joly tournoie dans la scène du music-hall qui est aussi celle
de l’histoire des femmes. Elle chante avec et sans micro, de sa voix qui
est ad libitum tendresse, langueur, plainte, ironie et amour. Le timbre est
velouté, avec ce qu’il faut de gravité et d’âpreté
cachées dans l’ascension lyrique. Il y a chez elle une force terrienne,
une façon musclée d’exister qui font fuir les clichés
de la chanson réaliste et de celle qu’on dit leste. Avec Nathalie
Joly, les années 1890-1940 vous collent à l’oreille et cognent
coeur et estomac.
Chansons sans gêne, chansons d’Yvette Guilbert, texte et interprétation
de Nathalie Joly, mise en scène de Simon Abkarian, avec Jean-Pierre Gesbert
au piano, collaboration artistique de Pierre Ziadé, conseils artistiques
de Jacques Verzier, lumières d’Armand Sauer, costumes de Louise
Watts.
Théâtre de la Tempête, tél. : 01 43 28 36 36, jusqu’au
22 mai. Reprise
au festival off d’Avignon, Le Petit Chien, 20 h 45. (Durée : 1
h 15).
CD aux éditions Frémeaux et Associés.
Allegro
théâtre 15
MAI 2016
Chansons sans
gêne. Nathalie Joly chante Yvette Guilbert
Mis en scène par Simon Abkarian, le troisième volet consacré
par la chanteuse et comédienne Nathalie Joly à la vedette du caf'conc
Yvette Guilbert tient moins du cabaret que du récital d'une femme chez
laquelle la maturité a raffermi l'ambition de penser large. L'artiste
est désormais une femme à qui on ne la fait pas. Les chansons
délicieusement canailles tel que "A présent que t'es vieux"
où un joli brin de garçon, pour lequel elle eût autrefois
le béguin, est à présent cacochyme, appartiennent toujours
à son répertoire mais d'autres nettement plus graves y ont la
part belle. Le sort fait aux femmes est au centre de ses préoccupations.
Pas plus conforme qu'elle ne le fut dans ses jeunes années, elle pourfend
la tyrannie exercée par les hommes. Sa longue fréquentation de
Sigmund Freud, qui ne sortait plus guère de chez lui que pour aller l'applaudir,
lui a appris que si la psychanalyse ne guérit pas, elle permet d'y voir
plus clair. Ce qui ne peut se faire que si les mots sonnent juste. C'est pourquoi
les textes des chansons de la dernière période de sa vie sont
écrit d'une plume particulièrement exigeante. Les qualités
vocales de Nathalie Joly (qui s'y entend pour adopter le grain de voix de l'époque)
qu'accompagne au piano, comme partenaire de jeu et surtout comme complice exceptionnellement
sensible Jean-Pierre Gesbert font le reste. Un mot enfin pour souligner la qualité
des éclairages d'Arnaud Sauer. Lesquels contribuent largement à
la réussite de cette plongée dans l'univers de celle qu'on surnommait
"la princesse de la rampe".
Jusqu'au 22 mai La Tempête-Cartoucherie de Vincennes tél 01 43
28 36 36.
Du 6 au 27 juillet Festival d'Avignon, Théâtre Le Petit Chien
JOSHKA SCHIDLOW
THEATROTEQUE
18 mai 2016
Lorsque de grands artistes rendent hommage à une très grande dame,
cela crée un spectacle magnifique et vibrant. "A Yvette Guilbert.
Avec tout notre amour."
Le triptyque est enfin monté. Il aura fallu plusieurs années à
Nathalie Joly pour raconter, partager et vivre sur scène la vie et la
carrière, incroyables, d’Yvette Guilbert. Yvette, que son nom nous
soit familier ou pas, elle fait partie de notre histoire ; l’histoire
de la chanson, l’histoire de la France, l’histoire des femmes. Une
personnalité forte, une femme du XIXe siècle soucieuse de conter
la vie de son époque et la condition des femmes. Des mélodies
et des textes qui résonnent encore aujourd'hui.
Il y a eu Un je ne sais quoi (1er épisode) et En v’là une
drôle d’affaire (2e épisode) pour raconter la carrière
d’Yvette Guilbert, ses déboires sur scène, ses succès,
son amour et ses correspondances avec Sigmund Freud, puis son exil en Amérique
et l’ouverture de son école d’artiste pour filles... Oui,
Yvette, c’était une grande dame ! Et ce jusqu’à sa
mort. Avec beaucoup de passion, de respect et d’amour pour cette artiste,
Nathalie Joly nous dévoile les dernières années d’Yvette
et son combat incessant en faveur de l’émancipation de la femme,
de sa reconnaissance, de sa liberté... Et pour l’épauler
dans cette magnifique croisade, Nathalie Joly peut compter sur le soutien de
son ami et acolyte Jean-Pierre Gesbert, au piano et en duo avec elle depuis
le début de l’œuvre sur Yvette Guilbert. Partenaire de premier
ordre, leur travail sonne comme deux cœurs à l’unisson et
leur attachement crée une complicité touchante et sincère
sur scène.
Nathalie Joly s’entoure également d’un metteur en scène
de choix en la personne de Simon Abkarian, artiste comédien, danseur,
chanteur, metteur en scène, crooneur... Une personne passionnée
et passionnante à l’œil aiguisé et au cœur grand
ouvert pour partager. Il apporte une profondeur à ce troisième
volet. Exit tous les repères des spectacles précédents,
il purifie la scène. Plus de tapis, ni de paravent ou autre décor,
plus de peignoir asiatique, allant même jusqu’à changer l’orientation
du piano. Jean-Pierre Gesbert est dos au public, mais l’on peut désormais
se régaler de ses doigts courant sur les notes nacrées. Tout est
épuré et on en vient à l’essentiel, la voix, la musique
et les mots. Il joue avec la scène, sa profondeur, ses murs, ses possibilités.
Et aussi avec les lumières, des découpes marquées qui centrent
le regard à des endroits précis, des jeux d’ombre... et
des projections en film noir et blanc. On oscille dans un passé pas si
lointain, un univers vintage de voyous et de pin-up que Simon Abkarian affectionne
particulièrement. On note également une direction d’acteur
qui sort Nathalie Joly de sa zone de confort, dans son interprétation
du personnage et de ses chansons. Tantôt femme fatale, tantôt rock,
voire légèrement punk, ils déconstruisent l’image
de base pour s’approprier les chansons d’Yvette et en livrer une
interprétation profonde et ressentie.
Dans un univers sombre de cabaret, sur une scène vide, le pianiste fume
et se sert un bon whisky. Il pianote dans cette ambiance de tripot lorsqu'apparaît
derrière le rideau de voile blanc, la grande vedette, Yvette Guilbert.
Elle a à présent une longue carrière derrière elle,
elle a conquis le public à force de travail et d’acharnement et
aujourd'hui, on célèbre son triomphe au cinéma, à
l’âge de 60 ans. Elle est l’égale des stars hollywoodiennes
(et sa robe époustouflante aux revers et intérieur pailletés
réalisée par Louise Watts, lui en souligne la carrure), mais bien
loin des futilités d’usage, lorsqu’elle attrape le micro,
c’est pour nous raconter des histoires, des tranches de vie réalistes,
drôles ou tristes à pleurer. Elle nous confie aussi ses doutes,
ses joies, ses peines, ses amours, sa fatigue, sa vie...
Le travail et la collaboration entre ces artistes est un succès ! Une
riche idée. Simon Abkarian apporte son univers et sa justesse dans le
moindre geste, il semble parfois que les pas de Jean-Pierre Gesbert soient ceux
d’Abkarian lui-même. Nathalie Joly offre bien plus que sa voix et
son corps, c’est son amour pour cette femme, Yvette Guilbert, et tout
ce que représente son œuvre et son implication que Nathalie Joly
transpose sur scène. Elle se donne entièrement avec beaucoup d’émotions
et de justesse, sans pathos, ni excès. Et Jean-Pierre Gesbert est sa
pierre d’ancrage. "Yvette, je suis là, repose-toi sur moi."
Ces mêmes mots pourraient être exactement les mêmes que ceux
du pianiste à la chanteuse.
Bien plus que les dernières années de la vie d’Yvette Guilbert,
Chansons sans gêne parle de la femme, des femmes, des relations homme/femme.
On rit de cette dame qui enfin peut se venger de son mari qui l’a fait
souffrir quelques années auparavant par son égoïsme et son
irrespect, et qui, maintenant qu’il est vieux et qu’il a besoin
d’elle, fait un mea culpa rampant. On pleure en écoutant l’histoire
de cette pauvre buveuse d’absinthe déformée par les grossesses
à répétition et sous le joug d’un homme qui ne l’aime
pas... Des portraits de femmes marquants et marqués des traits de la
vie. Comme celles dont les images sont projetées sur le rideau de scène.
Sa vie n’a pas été simple à Yvette, elle en a connues,
des déboires et des difficultés. Mais elle ne s’est jamais
laissé abattre et elle pouvait compter sur le soutient de quelques rares
personnes chères à son cœur. Ce duo magique, Nathalie Joly
allongée sur le piano, l’ampoule valsant au-dessus d’elle,
avec Jean-Pierre Gesbert au clavier, tous deux complices et partenaires de scène/de
création, est un tableau magnifique, un bel hommage.
Chansons sans gêne, le volet final du triptyque sur Yvette Guilbert est
enfin sur scène et il est encore plus beau que l’on pouvait imaginer.
Yvette en serait très touchée, à n’en pas douter
!
Cyriel TARDIVEL
FROGGY'S
DELIGHT mai 2016
Spectacle
musical conçu et interprété
par Nathalie Joly accompagnée au piano par Jean-Pierre Gesbert dans une
mise en scène de Simon Abkarian.
Figure majeure de la scène montmartroise de la Belle Epoque et pionnière
de la chanson moderne, Yvette Guilbert a eu plusieurs vies en raison de sa longévité
artistique, de son interprétation novatrice et de la diversification
de ses activités, du caf'conc au récital et du professorat vocal
au cinéma.
De quoi nourrir le biopic musical en forme de triptyque que lui consacre la
chanteuse et comédienne Nathalie Joly dont "Chansons sans gêne"
constitue l'ultime volet après "Je ne sais quoi" et "En
v'là une drôle d'affaire".
Elle y incarne la chanteuse qui traverse sereinement la saison de la vieillesse
après avoir eu de bons et de mauvais moments tout en ayant été
épargnée par le sort qui a laminé certaines de ses soeurs
de coeur, femmes au mauvais genre, filles de mauvaise vie ou petites ouvrières.
Nathalie Joly a puisé dans le répertoire de celle qui a été
particulièrement sensible à la cause des femmes du peuple dont
elle était issue, les chansons qui, esquissent, en quelques minutes,
les portraits, entre autres, des paumées ("Le Blues de l'absinthe"),
des facétieuses ("Les amis de Monsieur"), des coquines ("A
présent qu’t’es vieux"), des amoureuses ("Pourquoi
n’êtes-vous pas venu ?"), des pragmatiques ("Nous nous
plûmes") et évoquent l'effet du temps qui passe ("Fleur
de berge", "Les dames trop mûres").
Avec les belles lumières de Arnaud Sauer et sous la direction de Simon
Abkarian qui l'affranchit de l'ancrage spatio-temporel en misant sur la sobriété
du récital piano-voix, la soprano navigue avec talent entre humour, fantaisie
et émotion sans verser dans les codes mélodramatiques de la chanson
réaliste.
Avec son complice et compagnon de scène le comédien-pianiste Jean-Pierre
Gesbert, qui se la joue officiant de piano-bar carburant au whisky et signe
une mise en musique rafraîchie, Nathalie Joly dispense un spectacle de
qualité inscrit dans la contemporanéité en hommage tant
à la chanson française qu'à une femme de caractère.
Martine PIAZZON
A MARSEILLE
La MARSEILLAISE 25 mai 2015
La PROVENCE
23 mai 2015
Direct matin PROVENCE 27 mai 2015
france infos mai 2015
ZIBELINE 20 mai 2015
LA
VIEILLE GRILLE PARIS 5ÈME (SUITE)
DAILY
BOOKS par Noé Gaillard, OCTOBRE 2016
Chansons sans gêne, Nathalie Joly chante Yvette Guilbert
Ceux qui visiteront le Musée Toulouse-Lautrec à Albi (Tarn, France)
pourront voir dans une vitrine la célèbre paire de gants noirs
de la vedette de music-hall Yvette Guilbert immortalisée au moins par
le peintre et sans doute par sa relation avec Sigmund Freud…
Là nous sommes en présence du troisième épisode
consacrée à la chanteuse par une autre chanteuse. Et j’espère
que, si vous ne connaissez pas les deux épisodes précédents,
l’audition de celui-ci vous donnera envie de vous les procurer (les informations
suffisantes sont dans le petit livret). Vous connaissez au moins une chanson
d’Yvette Guilbert (Le Fiacre), si non reportez-vous au répertoire
de Barbara. Ce troisième épisode est consacré à
une chanteuse qui sait qu’elle est en fin de carrière mais qui
n’a rien perdu de son talent. Yvonne Printemps, Suzy Delair… entendez-vous
leurs voix ? Yvette Guilbert, et en cela Nathalie Joly en rend parfaitement
bien compte, est une chanteuse/diseuse qui chante comme elle raconte ou raconte
en chantant des histoires subtilement scandaleuses. Pourquoi scandaleuses ?
parce qu’elles rendent hommages aux femmes en tant qu’individu et
ridiculisent les hommes en utilisant ce dont ils se glorifient… Un conseil
: prenez le temps de d’abord lire les textes. Je vous recommande : A présent
qu’t’es vieux, Les dames trop mûres et la très savoureuse
Les amis de Monsieur… Attention, comme il s’agit d’un spectacle,
le piano joue un rôle et ne se contente pas d’accompagner comme
dans un simple enregistrement.
Attention (encore !), il n’est pas question d’écouter cela
d’une oreille distraite.Bonne écoute.
Chansons sans gêne, Nathalie Joly chante Yvette Guilbert - Editeur : Frémeaux
& Associés
DMPVD
Des
Mots Pour Vous Dire
- Le
14 mars 2017
Chansons sans gêne, au théâtre de la Vieille Grille
Elle inspira Toulouse-Lautrec, qui croqua son portrait, lui qui fréquentait
les cabarets assidûment devant un verre d’absinthe… Freud,
lui, ne loupait jamais un de ses spectacles lors de ses venues à Paris
pour rencontrer le Dr Charcot… Personnage multiple que celui d’Yvette
Guilbert, femme de spectacle et femme engagée, « la diseuse fin
de siècle » revient au théâtre.
C’est donc ce personnage haut en couleur que campe Nathalie Joly. Accompagnée
de son complice de toujours, Jean-Pierre Gesbert, elle utilise à nouveau
le parlé-chanté, une invention d’Yvette Guilbert, qui a
inspiré des chanteuses comme Piaf, Barbara et bien d’autres. Elle,
au franc-parler, portait haut le féminisme, l’engagement prolétarien
et le verbe anarchiste. La grande dame a trouvé aujourd’hui sa
petite sœur, celle qui la fait revivre en interprétant comme elle
les chansons tristes, réalistes, coquines ou enjouées de Xanrof,
de Gaston Couté ou de Jean Lorrain.
Voici donc Nathalie Joly qui pousse Les Chansons sans gêne, et c’est
tout naturellement dans une cave intimiste de la rive gauche qu’a lieu
le spectacle. Peu de décor ou d’artifices : un piano, un micro,
un zeste de vidéo, quelques ombres chinoises… et la gouaille de
la chanteuse résonne aux accents du piano de Jean-Pierre Gesber.
Nathalie Joly interprète Yvette Guilbert alors que cette dernière
est une femme mûre et qu’elle a déjà une solide carrière
derrière elle. C’est en effet le troisième volet de la trilogie
que la chanteuse consacre à sa pygmalion. Pas question de lui raconter
de bobards, elle connaît la chanson et égrène un répertoire
qui se fait souvent l’écho des maux de la société
de ce début de XXe siècle : Elle était toujours enceinte,
Pauvre buveuse d’absinthe, Maintenant que t’es vieux , Le Blues
de la femme, Pourquoi n’êtes-vous pas venu ? etc. Et comme le raconte
Simon Abkarian, le metteur en scène : « Cette femme fut et reste
une exploratrice de la scène, donc de la vie. »
Pour que le spectacle soit réussi, il fallait donc une femme de tempérament,
fière de chanter ces textes rentre-dedans. Yvette Guilbert interprétée
par Nathalie Joly, c’est l’histoire d’une rencontre de deux
femmes à près d’un siècle d’écart. Magnifique
!
Plûme
Jusqu’au 27 mars 2017 Le
samedi à 18 h, le dimanche à 17 h et le lundi à 20 h 30
Théâtre de la Vieille Grille 1, rue du Puits-de-l’Ermite
Paris 5e
REGARD
EN COULISSE.com
20 mars 2017
Retrouver
Nathalie Joly explorant l’univers tellement riche d’Yvette Guilbert
est toujours gage de qualité, d’exigence. Ce troisième volet,
bâti de manière plus lâche que le premier, évoque
la disparition, la mort… Le pianiste, telle l’incarnation de la
conscience de la chanteuse et tragédienne, la titille, la provoque. Si
le discours peut paraître parfois compliqué à suivre, mieux
vaut se laisser bercer par l’ambiance qui se dégage de ce cabaret
sulfureux, surtout lorsque Nathalie Joly entonne les airs plus ou moins connus
de son héroïne : quelque chose se passe instantanément, absorbant
le spectateur. Cela est d’autant plus vrai que le chant est épuré.
Et ce spectacle, qui ne manque pas de force, de se terminer avec la lecture
d’une lettre datée de 1938, interpellant le politique sur la fragilité
de l’artiste, dont le rôle social important ne trouve pas de compensation
dans la manière dont il est considéré. Un appel courageux
qui résonne étrangement de nos jours… Rémy
Batteault
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