|
PRESSE
"Café Polisson"
LIBERATION
PAR FX GOMEZ 27 mars 2019
Portrait
Nathalie Joly, chansons de mauvaise vie
Par François-Xavier Gomez photo Jérôme Bonnet pour
«Libération» — 26 mars 2019
Avec «Café Polisson», spectacle drôle et militant,
l’artiste rend hommage aux chanteuses de la Belle Epoque, où
cabaret et prostitution étaient liés.

La soirée
aurait pu s’intituler «D’Yvette au divan». En
mars 2006, salle de la Mutualité à Paris, Nathalie Joly
évoquait la mémoire d’Yvette Guilbert, la reine du
café-concert, à travers ses liens avec Sigmund Freud, devant
un parterre de psychanalystes réunis à l’occasion
des 150 ans de la naissance de leur saint patron. La chanteuse d’aujourd’hui
a-t-elle fait un «transfert» sur sa devancière morte
en 1944 ? La vie et le répertoire oubliés de la «diseuse
fin de siècle» ont, en tout cas, occupé Joly pendant
une décennie, travail qui a donné naissance à une
trilogie de spectacles. «Yvette, résume-t-elle dans sa loge
du Théâtre de l’Epée de bois, a ouvert la voie
à Damia et Fréhel, et son héritage se retrouve chez
Anne Sylvestre et Catherine Ringer…»
Avec Café Polisson, un parcours de chansons et de textes autour
de la prostitution à la Belle Epoque, où la Guilbert est
bien présente, Joly est de retour àla Cartoucherie de Vincennes.
Là où elle a présenté plusieurs de ses créations,
et connu son premier succès : Rêves de Kafka, mis en scène
en 1984 par Philippe Adrien pour l’inauguration du Théâtre
de la Tempête. Dans «cette utopie du théâtre»
au cœur de la forêt, elle a une amie et admiratrice fidèle,
Ariane Mnouchkine. «Quand j’ai débuté avec une
compagnie semi-professionelle de Chilly-Mazarin, c’était
la grande époque des créations collectives, une aventure
qui devait tout au Théâtre du Soleil d’Ariane.»
Café Polisson a été créé au musée
d’Orsay en 2016 pour éclairer l’exposition «Splendeurs
et Misères. Images de la prostitution, 1850-1910». Car si
chacun a en tête les danseuses et les chansonnières croquées
par Manet, Degas ou Toulouse-Lautrec, on connaît beaucoup moins
leurs conditions de vie. Au XIXe siècle et au début du XXe,
une femme qui s’expose sur une scène est, aussi, une prostituée.
Les deux activités vont de pair. «Au café-concert,
explique Joly, il suffisait à un homme de poser son programme en
équilibre sur l’accoudoir pour signifier sa volonté
de "souper" avec les artistes. Celles-ci, par contrat, devaient
non seulement assurer leur tour de chant, mais aussi rester disponibles,
toute la nuit s’il le fallait, aux sollicitations masculines. Le
rendez-vous se concluait souvent dans un fiacre.»
Nathalie Joly, qui s’est patiemment documentée sur la diva
des Années folles, décrit la chanteuse dont elle est devenue
l’interprète de référence : «Yvette a
été pionnière dans le refus de cette assimilation
des femmes artistes à des courtisanes ou à des cocottes.
Elle-même refusait de séduire sur scène par un comportement
aguicheur, des tenues légères. Elle ne portait pas de bijoux…»
Son bras de fer contre les codes en vigueur finit par être payant
: elle devient l’artiste la mieux payée de France, l’égale
de la tragédienne Sarah Bernhardt. Elle érige en art la
chanson populaire, à laquelle elle insuffle une force dramatique
ou ironique, et invente une façon d’interpréter, à
mi-chemin du langage parlé et du chant, qu’elle baptise le
«rythme fondu». C’est l’ancêtre du sprechgesang,
le parlé-chanté que pratiqueront le long du XXe siècle
les compositeurs Berg, Schoenberg et Kurt Weill.
C’est justement par le sprechgesang que Joly, formée au Conservatoire,
a découvert la Guilbert. Elle rêvait d’une carrière
artistique à laquelle sa mère ne s’opposait pas, à
une condition : ne pas lâcher les études. Amphi le jour,
planches le soir : elle décroche ainsi une maîtrise de philo
à la Sorbonne.
Les chansons de Café Polisson, interprétées à
l’origine par des femmes mais écrites par des hommes, font
le tour des différentes formes d’exploitation. De la femme
entretenue, demi-mondaine des salons bourgeois, à la «pierreuse»
de la rue, celle qui use ses semelles sur le pavé. «La prostitution,
rappelle-t-elle, était quasiment le seul moyen pour une femme d’obtenir
son autonomie financière.» Ce monde-là est révolu,
mais l’équation couple-argent-sexualité reste posée.
«On a toutes dû nous battre pour être indépendantes,dit-elle.
J’ai été élevée par des femmes, et ma
mère avait été élevée par sa mère
et sa grand-mère. Les hommes n’étaient pas présents,
ou alors très éloignés. Ma mère nous disait,
à ma sœur et à moi : "Apprenez à vous en
sortir seules, ne comptez jamais sur un homme !" C’est violent,
mais je me suis débrouillée avec ça, comme plein
d’autres !»
Native d’Alger, Joly se définit comme «une des dernières
pieds-noirs nées là-bas». Elle a quelques mois quand,
sous les fenêtres de la pharmacie que régente sa grand-mère,
survient la fusillade de la rue d’Isly, le 26 mars 1962. L’armée
française, débordée par une manif anti-de Gaulle,
tire sur la foule. On relèvera au moins 80 morts. La famille quitte
l’Algérie, où elle était enracinée depuis
1850, transite à Marseille, puis s’installe en région
parisienne.
Café Polisson n’est pas, comme son titre pourrait le suggérer,
une célébration de la gaudriole bien française. A
côté de refrains hilarants, on entend de poignantes chansons
«réalistes», comme A Saint-Lazare de Bruant, qui décrit
de l’intérieur l’hôpital-prison où on
enfermait les femmes de mauvaise vie, sous un prétexte prophylactique.
L’institution a fermé en 1975, «l’année
de la loi Veil qui dépénalisait l’avortement»,
souligne la chanteuse, mère d’un fils de 26 ans. Elle qui
a toujours voté à gauche observe le combat pour l’égalité
continuer et prendre d’autres formes. «Café Polisson
a un écho très fort avec le mouvement #MeToo, reprend-elle.
On en revient à la prétendue accessibilité du corps
féminin, notamment au cinéma, où on est plus facilement
confrontée à la nudité. Encore aujourd’hui,
une femme qui expose son corps passe pour une femme facile, on se croit
tout permis avec elle. Dans l’éducation de certains hommes,
quelque chose a été raté.»
Le rire et le langage grivois n’atténuent en rien la portée
militante et féministe de la pièce. «Le spectacle
rend hommage au courage de femmes qui se sont battues pour leur dignité
dans un univers d’hommes», souligne-t-elle. Pourtant, dans
le travail de diffusion qu’elle mène avec sa compagnie Marche
la Route, elle se heurte à des réticences. «Des directeurs
de théâtres m’ont dit qu’ils adoreraient m’inviter,
mais que l’adjoint à la culture n’en voudrait pas.
C’est consternant, les compagnies artistiques ont besoin du courage
des programmateurs, face à des mairies qui ne souhaitent que du
divertissement. On doit miser sur la culture et la transmission contre
la régression qui montent un peu partout.»
1961 Naissance.
1984 Rêves de Kafka à la Cartoucherie.
1993 Naissance de son fils.
2007 Je ne sais quoi, 1er volet de la trilogie Yvette Guilbert.
2019 Café Polisson au Théâtre de l’Epée
de bois jusqu’au 3 avril.
François-Xavier Gomez photo Jérôme Bonnet pour «Libération»
France
5 Le doc stupéfiant par
Léa Salamé, 16
octobre 2019
L'art
du bordel
Nathalie Joly est Interviewée pour son Café
polisson.
LE
MONDE par
Véronique Mortaigne
CULTURE 26.09.2015
Nathalie Joly offre un récital « polisson
» à Orsay
Par Véronique Mortaigne
Il
est sans cesse question d’argent. On l’oublie trop souvent,
la prostitution est un commerce. Le Café Polisson proposé
par la comédienne et chanteuse Nathalie Joly applique avec une
froideur clinique cette grille de lecture des femmes dites «?de
mauvaise vie?». Café Polisson est l’illustration en
chansons des méandres d’une exposition fleuve, «Splendeurs
et misères, images de la prostitution (1850-1910)», organisée
au Musée d’Orsay jusqu’au 17 janvier?2016 (Le Monde
du 25 septembre).
En une quinzaine de chansons puisées dans le répertoire
populaire, dans celui d’Yvette Guilbert, dans Dranem, Xanrof, Aristide
Bruant, mais aussi de Damia ou Lucienne Delyle, Nathalie Joly et sa troupe
campent la condition des filles publiques. Et cela commence fort, avec
La Pierreuse consciencieuse, une chanson paillarde. «?Pour quatorze
sous, la main dans la poche, même sous l’œil du flic
qui me r’garde en d’ssous/J’astique le dard du typ’le
plus moche, la main dans la poche pour quatorze sous.?»
Spectacles consacrés à la « diseuse fin de
siècle »
Quand le Musée d’Orsay a passé commande d’un
récital «polisson» à Nathalie Joly, elle s’est
tournée vers ses amis de La Société psychanalytique
de Paris, qui avait soutenu en 2008, par fidélité aux émerveillements
parisiens de Sigmund Freud, Je ne sais quoi, le premier de trois spectacles
que la comédienne a consacrés à la «?diseuse
fin de siècle?», Yvette Guilbert (1865-1944). Elle y chantait
et y lisait des lettres échangées entre la muse de Toulouse-Lautrec
et le père de la psychanalyse.
Le psychanalyste Paul Denis lui a conseillé de regarder vers les
salles de garde des hôpitaux, où des mâles éduqués
se défoulent en braillant des obscénités, telle cette
Pierreuse aux tarifs fixes.
Au rayon des échanges monétaires, très précis
également, le Catalogue des prix d’amour de Mademoiselle
Marcelle Lapompe, censé dater de 1915, «?Minette bout à
bout, l’homme entre les jambes de la femme… 3,05 (sous)?».
Nathalie Joly le lit entre les chansons, ainsi que des extraits des Filles
de noce d’Alain Corbin ou de Capitale de l’amour de Lola Gonzalez-Quijano,
deux livres consacrés à la prostitution au XIXe siècle.
Plaisir et grivoiserie
Dans la même veine, Nathalie Joly propose une relecture de La Grande
Pine (fin du XIXe siècle) et de L’Aviateur, un classique
du répertoire du théâtre forain. Au pire (ou au meilleur)
de la suggestion du plaisir et de la grivoiserie, la chanteuse ne perd
pas un gramme de son chic parisien. Elle a emprunté à sa
trilogie «?Guilbert?» (Je ne sais quoi, 2008, En vl’à
une drôle d’affaire, 2012, Chansons sans gêne, 2015),
y a ajouté une nouveauté, LaBonne Mère – qui
est mauvaise – de Léon Xanrof, l’auteur du Fiacre et
de Partie carrée, qui clôt le spectacle avec humour.
Yvette Guilbert, la femme aux longs gants noirs, naviguait dans un monde
extrêmement masculin. Elle composa la musique de Madame Arthur ou
encore de La Buveuse d’absinthe sur un poème cruel de Maurice
Rollinat – on se référera en illustration à
L’Absinthe d’Edgar Degas, peint en 1875, plus encore qu’à
La Buveuse d’absinthe de Picasso (1901), deux toiles exposées
à Orsay.
Les frontières sont ténues entre celles qui « font
les fortifs » et celles qui arrondissent des fins de mois
Dans un auditorium redécoré par Maïté Goblet,
avec peintures murales de caf’conc’, Nathalie Joly a embarqué
une danseuse, Bénédicte Charpiat, une joueuse de bandonéon,
Louise Jallu, et le pianiste Jean-Pierre Gesbert à qui échoit
la tâche d’interpréter La Raie, de Dranem. Au fil du
récital, on comprend que les frontières sont ténues
entre celles qui «?font les fortifs?» et celles qui arrondissent
leurs fins de mois en galante compagnie. Tout est question d’échanges
de marchandises et de paiement en nature.
La mise en scène de Jacques Verzier a son lot de trouvailles, tel
le film muet d’Alice Guy, Le Piano irrésistible (1907), projeté
sur les ailes déployées en écran de la danseuse.
Nathalie Joly joue aussi sur les anachronismes, convertissant Ouvre, chanson
fétiche de Suzy Solidor en 1934, en une bossa-nova sensuelle, loin
des dangers de la syphilis et des macs.
Café Polisson. De Nathalie Joly, Musée d’Orsay, 1,
rue de la Légion-d’Honneur, Paris 7e.
Les 3 et 10 octobre à 16 heures, le 15 à 20?h?30. Tél.?:
01-53-63-04-63. musee-orsay.fr
OUEST
FRANCE 26-01-2018
Casino de Deauville

France
bleue interview
de Nathalie Joly pars Rodolphe Baudry sur France Bleu.
25-01-2018
NICE
MATIN 8-10-2016

Le JDD
Au Café Polisson, les demi-mondaines montent le son.
Ardente interprète d’Yvette Guilbert, la chanteuse comédienne
Nathalie Joly redonne vie aux prostituées de la Belle Epoque dans
un remarquable cabaret, créé ces jours-ci au Musée
d’Orsay.
La chanteuse comédienne Nathalie Joly redonne vie aux prostituées
de la Belle Epoque.
Cruelles, drôles, volontiers crues ou friponnes, toujours vraies,
ces chansons sont signées Aristide Bruant, Paul de Kock, Maurice
Rollinat, Yvette Guilbert, Dranem ou encore Jules Jouy, le bien nommé,
et bien d’autres. Elles parlent de séduction, mais aussi
de vices, de plaisirs inavouables, de sexualité. La plupart d’entre
elles furent écrites et créées au Second Empire et
à la Belle Epoque, certaines un peu plus tard. Toutes ont en commun
de témoigner de la prostitution féminine telle qu’elle
a existé au temps des cafés-concerts, ces théâtres
populaires dont les courtisanes étaient justement familières.
Une époque où, pour désigner les femmes faisant commerce
de leurs charmes, on parlait encore couramment des ambulantes, des hirondelles,
des gueuses et des pierreuses.
Ambiance chamarrée Avec beaucoup de talent, de finesse, mais aussi
de plaisir, Nathalie Joly s’est emparé de ce répertoire
oublié pour créer un spectacle remarquable, mise en scène
par Jacques Verzier, homme de théâtre aguerri avec lequel
elle avait déjà monté Je ne sais quoi et En v’là
une drôle d’affaire, deux savoureux spectacles consacrés
à Yvette Guilbert… Joly avait ainsi révélé
le lien d’amitié méconnu qu’avait entretenu
la célèbre diseuse avec Sigmund Freud, et trouvé
là une occasion de choix pour trouver ses marques dans le parlé-chanté,
genre devenu rare, mais resté hautement théâtral.
Cette fois, en plus de son fidèle pianiste le délicieux
Jean-Pierre Gesbert, elle s’entoure d’une jeune bandonéoniste
(Louise Jallu), d’une danseuse aussi androgyne que troublante (Bénédicte
Charpiat), mais aussi d’un grand décor (signé Jean-Jacques
Grenolle) plongeant le spectateur dans l’ambiance chamarrée
des théâtres de la Belle Epoque.
Chansons grivoises Au centre de la vie à défaut d’être
au centre des débats publics, la sexualité s’exprime
alors au détour de chansons semées d’allusions et
d’inflexions choisies permettant de déjouer la censure et,
malgré tout, de nommer les choses tout en divertissant la galerie.
On connaît Madame Arthur, qui "eut une foule d’amants"
et "qui fit parler, parler, parler, parler d'elle longtemps sans
journaux, sans rien, sans réclame". On découvre aussi,
ici, Les Petites bonnes d’hôtel vues par Léon Xanrof,
la Lorette de la veille par Gustave Nadaud, Les Gueuses par Vincent Scotto,
la très coquine Raie de Dranem, ainsi que quelques perles du répertoire
populaire comme La Pierreuse consciencieuse ou… La Grande pine.
Un programme qui ne fait aucun mystère de sa licence, mais qui
dévoile aussi les drames alors endurés par les prostituées,
à l’exemple de Ca Lasse, d’André Mauprey, pas
si salace lorsqu’il décrit une maison de passe où
"on s’crève, on s’lève pour se r’coucher
sans fin ni trêve", et où on sent sa "jeunesse
qui s’efface, seule comme l’amour qui passe."
Emancipation Le spectacle n’en reste pas moins drôle, à
la fois léger et semé de mots d’esprit. Et s’il
dépeint l’oppression, il raconte aussi l’émancipation
de ces femmes qui, bien avant 1914, marchèrent et chantèrent
pour leur liberté. En contrepoint de la grande exposition de l’automne
du musée d’Orsay ("Splendeurs et misères, images
de la prostitution 1850-1910"), pour lequel il a été
spécialement créé, Café Polisson sera sans
doute l’objet, enfin on l’espère, d’une prochaine
tournée. Il préfigure aussi la prochaine création
de Nathalie Joly dédiée à Yvette Guilbert, mise en
scène cette fois par Simon Abkarian, Chanson sans gêne, présentée
au Théâtre La Piscine – Firmin Gémier à
Chatenay-Malabry (Espace Vasarely) le 25 novembre prochain, puis à
Paris du 13 au 22 mai 2016 au Théâtre de la Tempête
- Cartoucherie. Alexis Campion
Café Polisson, le 10 à 16h et la 15 octobre à 20h30
à l’Auditorium du Musée d’Orsay (8 à
25 €), billet donnant accès à l’exposition.
France
musique
21-09-2015
La
Matinale de Nicolas Lafitte et Vincent Josse
Philippe Claudel pour son film "Une enfance", la France et la
comédie musicale et Nathalie Joly au Musée d’Orsay
Nathalie Joly interprète 5 morceaux avec Louise Jallu et Jean Pierrre
Gesbert
extrait
France
musique
Classic Club
- Le club des critiques, 8 octobre 2015
....Félicity Lott chantait dans le décor du Café
Polisson, et elle ouvrait le rideau de « Café Polisson »
qui est, lui, beaucoup plus grivois, et qui appelle un chat une pine,
tout simplement, il y a une chanson qui est autour de ça, sans
mauvais jeu de mots ! C’est l’une des nombreuses chansons
qui est évoquée dans ce Café Polisson par une chanteuse
qui s’appelle Nathalie Joly et qui a fait un gros travail aussi
sur Yvette Guilbert ; elle a fait beaucoup de spectacles autour de Guilbert.
Il y a Scotto, Aristide Bruant, des chansons populaires, c’est extrêmement
cru, souvent très direct, très mis en scène, on réapprend
un vocabulaire à la fois extrêmement léger, amusant,
et aussi, à bien des égards dans le spectacle - c’est
ce que Nathalie Joly réussi très, très bien dans
un parlé chanté très réussi - une mélancolie.
C’est aussi l’une des forces extraordinaires de l’exposition
d’Orsay. Et Nathalie Joly a conçu, a proposé ce spectacle
avec sa compagnie, avec un pianiste qui l’accompagne, une jeune
bandonéoniste, une danseuse qui est presque un Otto Dix à
elle toute seule, et c’est vraiment un spectacle à voir,
il est vraiment polisson, on peut donc vraiment s’y amuser !
Rémy Louis (Diapason)
France culture 2
octobre 2015 "Ping
Pong"
Invités Nathalie Joly et
Orlan
Ping Pong par Mathilde Serrell, Martin Quenehen 02.09.2015
Au programme de Ping Pong ce soir Streaptease plastique et cabaret féministe
: Nathalie Joly, chanteuse et comédienne pour son « Café
Polisson » en ouverture du cycle Splendeur et misères au
Musée d’Orsay elle propose des chansons de la belle époque
et rend hommage aux courtisanes, demi-mondaines, buveuses d'absinthe,
gueuses et fleurs de trottoir jusqu’au 15 octobre à l’auditrorium.
La reine du sprech gesang, la comédienne et chanteuse Nathalie
Joly fait revivre l’ambiance des caf’ conç’ et
les buveuses d’absinthe à l’auditorium du Musée
d’Orsay pour l’exposition « Splendeurs et misères,
images de la prostitution ». Vous ne savez pas qui elle est, oh
vous l’avez sans doute vue et écoutée à la
Tempête, au théâtre national de Chaillot, ou à
l’Opéra de Lyon en robe de gala ou en habit loqueteux mais
vous ne savez toujours pas qui elle est d’autant que cette chanteuse
et comédienne se plait à changer de masque et de voix au
gré de son désir et de sa fantaisie tour à tour Yvonne
Printemps, Maria Tanase, Jenny la fiancée du pirate, elle est en
ce moment même à la fois Suzy Solidor, Damia, Eugénie
Buffet et Yvette Guilbert. Elle incarne et interprète la Diseuse,
reine de la belle époque et toutes ces voix dans le cadre d’un
café polisson, ouvert dans l’Auditorium du Musée d’Orsay,
à l’occasion de la grande exposition « Splendeurs et
misères, images de la prostitution ». Son cabaret sauvage
et fier s’offre ainsi au regard « brillant comme des fêtes
» comme disait Baudelaire et aux oreilles aventureuses, jusqu’au
15 octobre.

WEBTHEÂTRE
Café Polisson par Caroline Alexander
Chansons coquines et suggestions canailles au cœur d’un caf’conc’
Belle Epoque
L’Auditorium du Musée d’Orsay, blotti sous les salles
de l’exposition Grandeurs et Misères – Images de la
prostitution de 1860 à 1910 –a pris les couleurs et les signes
d’un caf’conc’ tel que Toulouse Lautrec en a restitué
l’âme. Un grand nombre de ses tableaux sont d’ailleurs
répartis dans les salles de l’expo, agencées, thème
par thème, en tir croissant du désir et de son assouvissement.
Accrochage minutieux sur les murs tapissés de rouge tomate mûre.
Manet, Degas, Renoir, Courbet, Picasso, Steinlein, Munch, Van Dongen,
Bernard escortent Lautrec en observateurs curieux du monde et demi-monde.
L’Auditorium s’est donc revêtu de leurs signes. Le fond
de scène en toiles peintes en restitue les images et le climat.
La scénographie de Jean-Jacques Gernolle, les peintures de Maïté
Goblet plongent aussitôt le spectateur dans l’ambiance du
lieu de plaisirs où les aguicheuses de service poussent la chansonnette
pour aimanter le client. Côté jardin un piano que taquine
en virtuose de cabaret Jean-Pierre Gesbert, le poil gris frisé
sur le crâne et le sourire complice. Côté cour, un
vestiaire pour cocottes et Nathalie Joly en velours rouge et soie blanche,
ravissante, appétissante ressuscite une gouaille de style Yvette
Guilbert, entourée par la brune Bénédicte Charpiat
danseuse élastique dont la silhouette androgyne pimente l’ambiance
d’un grain d’ambiguïté et par Louise Jallu et
ses airs de vierge égarée qui souligne rondes et valses
sur son bandonéon.
La femme chantante à l’aube du XXème siècle
met au rancart son statut de putain demi-mondaine. Elle la célèbre
en musique canaille, énumère les appellations de ses ex-consœurs,
les pierreuses, les gueuses, les gommeuses, les buveuses d’absinthe
et autres fleurs de trottoir. Elle tarifie leurs services, les gourmandises
buccales et autres et le temps compté des plaisirs fournis.
Comédienne et chanteuse au timbre arc en ciel velouté, au
parler clair et au jeu malin, Nathalie Joly, conceptrice du spectacle
a pioché dans le répertoire cabaret du Second Empire à
la si bien nommée Belle Epoque, enjambant les années et
les interdits en chansons douces, âcres, drôles, tristes,
des roucoulades et des mots signés entre autres Aristide Bruant,
Vincent Scotto, Gustave Nadaud, Yvette Guilbert…. Décolleté
généreux, mines aguicheuses elle lance « oiseau volage
sur mon passage », « madame Arthur », la partie carrée
des « Boudins et des Boutons », « la Pine » et
pour « L’éloge des vieux », descend en repérer
un dans la salle.
Ce hors d’œuvre grivois ou plutôt dessert goûteux
spécialement conçu pour lancement de l’exposition
ne connaîtra que quatre représentations*. Reste à
espérer qu’une tournée lui ouvrira les portes de nombreux
théâtres.
Café Polisson en ouverture de l’exposition Splendeurs et
Misères, images de la prostitution 1850-1910, conception et textes
Nathalie Joly, mise en scène Jacques Verzier, scénographie
& décor Jean-Jacques Gernolle, costumes Claire Risterucci,
lumières Carla Tomé, son Vincent Cren.
LA STRADA - Nice
Cannes 26
sept - 9 octobre 2016
AZUR
TV NICE - 29 OCOTBRE 2016
AzurTV
Dans le tout images de ce dimanche
: L'incontournable festival du livre à Mouans-Sartoux. La première
duck race de la côte d'Azur et le spectacle café polisson
au théatre la licorne à Cannes. Par Stephanie Mossman
VAR
MATIN - 26 DECEMBRE 2016

VAR
MATIN
VOYAGE
DANS LE TEMPS DU NOUVEL AN
Théâtre - Ollioules.
Le temps d’une Saint-Sylvestre Le Café Polisson emporte le
spectateur dans l’univers des cafés-concerts du Seconde Empire
à la Belle Époque._ Nathalie Joly s’est emparée
de l’univers musical de cette période pour en faire un spectacle
parlé-chanté. Dans un mélange de chansons d’opérette
et de musique paillarde, on plonge dans l’ambiance coquine des cabarets
mythiques comme Le Moulin Rouge. La production est surtout un hommage
aux filles de joie. Elle a d’ailleurs été créée
au Musée d’Orsay pour l’ouverture de l’exposition
Splendeur et misères, images de la prostitution 1850-1910.

Amphithéâtre Châteauvallon.
LA
MARSEILLAISE
29 décembre 2016
Une soirée polissonne pour les fêtes à Chateauvallon
Du Café polisson au Cabaret coquin, vies et splendeurs des courtisanes.
Châteauvallon choisit la bonne gauloiserie française pour
les fêtes. Histoire de ne pas céder au pessimisme et de terminer
une riche année de programmations par des chansons légères.Christian
Tamet, pour cette fin d’année, renoue avec une tradition
de cabaret théâtre qui devrait séduire le public de
ce haut lieu culturel.
Le 31 décembre sera donc une soirée à deux vitesses.
A double détente si l’on peut dire : à 21h un spectacle
normal intitulé Café polisson recréant l’atmosphère
décadente du Second Empire et de la Belle Epoque (elle ne l’était
pas pour tout le monde !). Et vers minuit, après le spectacle,
quelques privilégiés ayant payé un supplément
(45 euros) auront droit à une assiette du jour de l’an, quelques
bulles de champagne et un récital de chansons grivoises dans ce
Cabaret Coquin vantant les mérites de la prostitution dans un décor
fin de siècle.
La touche culturelle sera assurée par le décor « digne
de Toulouse-Lautrec » et le répertoire d’Yvette Guilbert.
Sans vouloir critiquer un choix qui flatte un certain esprit français,
on peut s’étonner cependant par cette ponctuelle dérive
démagogique d’un lieu qui a surtout brillé par la
défense de certaines valeurs. On le lui pardonnera d’autant
plus volontiers que le spectacle proposé à 21h présente,
lui, de sérieuses références artistiques.
Toute une époque
La nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Jacques Verzier,
Jean-Jacques Gernolle et Nathalie Joly avaient créé ce spectacle
dans une contextualisation précise: la grande exposition de 2015
du Musée d’Orsay « Splendeurs et misères, images
de la prostitution 1850-1910 ».
A cette époque, un certain théâtre était le
lieu de prédilection des courtisanes, et les jeunes artistes connaissaient,
pour survivre, la spirale de la prostitution. Elles faisaient donc semblant
de séduire alors qu’elles étaient à vendre.
De la loge de l’actrice à la chambre de la femme publique,
la frontière était bien poreuse. Pierreuse, demi-mondaine,
verseuse, gueuse, courtisane syphilitique, mais aussi buveuse d’absinthe,
adeptes des amours saphiques, dame entretenue, tenancière ou petite
bonne, c’étaient les figures centrales de ce répertoire
frelaté allant de la chanson à l’opérette en
passant par le théâtre de boulevard et le Caf Conc’.
La musique, cette bonne à tout faire des mœurs sociales, racontait
un moment intime de leur solitude. La polissonnerie, l’ambiguïté,
la coquinerie, le double sens et l’humour cynique étaient
des exutoires nécessaires dans ces vies souvent moins roses que
la soie de leurs dessous fripons. Le spectacle intégré à
l’expo avait reçu un accueil dithyrambique, incitant les
protagonistes à une « tournée » triomphale.
Il en reste les paillettes, la qualité de l’interprétation,
la justesse du ton. Et puis, on le dit souvent « en France tout
finit par des chansons ». Alors on peut se laisser séduire,
pour une nuit de la Saint Sylvestre par ce charme historique vénéneux
qui camouflait hélas trop souvent les plaies de l’injustice
sociale. Séduire ne veut pas toujours dire adhérer.
Jean-François Principiano
Samedi 31 décembre à 21h Café Polisson. En fin de
soirée : Cabaret Coquin (réservé aux adultes).
L'HUMANITE
Les
coups de cœur de Fara C. Le 2-10--2015.
Café polisson Nathalie Joly crée «Café polisson»,
dans le cadre de l’exposition «Splendeurs et misères,
images de la prostitution 1850-1910 » au musée d’Orsay.
S’emparant de chansons de la fin du XIXe?siècle et de la
Belle Époque, elle rend une sorte d’hommage notamment à
Yvette Guilbert. Et rappelle que «la frontière entre l’artiste
et la courtisane, entre la grisette et la lorette, est aussi mince qu’est
inépuisable le vocabulaire pour nommer toutes les femmes associées
à la prostitution. Pierreuse, demi-mondaine, verseuse, gueuse»…
Samedi, le concert à 16heures sera suivi d’une rencontre
avec la chanteuse et, en modératrice, la fameuse critique Véronique
Mortaigne.
Le 3, concert à 16heures, suivi d’une rencontre avec N. Joly,
animée par V. Mortaigne.
La
TERRASSE
Nathalie Joly présente un nouveau spectacle à l’occasion
de l’exposition « Splendeurs et misères. Images de
la prostitution, 1850-1910 » du Musée d’Orsay - 21
septembre 2015 - N° 236
Nathalie Joly interprète des chansons parisiennes de la fin du
XIXe siècle et de la Belle Époque.
Ce spectacle a été conçu sur mesure pour l’ouverture
de l’exposition « Splendeurs et misères. Images de
la prostitution, 1850-1910 » du Musée d’Orsay. Nathalie
Joly, dont on a suivi avec attention les très belles réinterprétations
des chansons d’Yvette Guilbert, rend ici hommage, avec l’art
consommé de la scène qu’on lui connaît, au répertoire
démodé mais délectable du caf’ conc’
où le métier de chanteuse se confondait souvent avec celui
de prostituée. « A la Belle Époque, l’excitation
est à son comble dans les cafés concerts. Les diseuses développent
l’art des inflexions pour échapper à la censure, multipliant
les allusions à la sexualité. La frontière entre
l’artiste et la courtisane, entre la grisette et la lorette, est
aussi mince qu’est inépuisable le vocabulaire pour nommer
toutes les femmes associées à la prostitution. Pierreuse,
demi-mondaine, verseuse, gueuse, morphinée, syphilitique, mais
aussi buveuse d’absinthe, amour saphique, dame entretenue qui préfère
les vieux, tenancière ou petite bonne d’hôtel, sont
les figures centrales des chansons que nous avons choisies » expliquent
Nathalie Joly et son metteur en scène Jacques Verzier.
J.L. Caradec
ALLEGRO
THÉÂTRE
26 SEPTEMBRE 2015
- Café
Polisson. Mise en scène Jacques Verzier
Mise en scène par Jacques Verzier qui tire malicieusement parti
de la largeur du plateau et de son absence de profondeur, Nathalie Joly
- qu'entourent le pianiste Jean-Pierre Gesbert, la bandéoniste
Louise Jallu et la danseuse Bénédicte Charpiat - nous plonge
dans ce que l'on appelait autrefois le demi-monde. Et c'est un régal.
Les chansons et autres goualantes des défunts caf'conc' qu'a dégottées
la comédienne-chanteuse et qu'elle interprète à merveille
sont - on n'en sera pas surpris - d'une savoureuse gaillardise. Le répertoire
de celles qu'on appelait selon les époques ou leur renommée
des gueuses, des racoleuses, des bitumeuses... était d'une richesse
foisonnante. C'est qu'il y avait, pour désigner les services "offerts"
par les filles de joie une infinité de vocables qu'on découvre
avec jubilation. Vêtue par les soins de Claire Risterucci et de
Carmen Bagoe avec l'élégance orageuse du trottoir, Nathalie
Joly fait sa coquine puis rappelle le sort de celles qui se retrouvaient
détenues à Saint Lazarre, le corps parfois miné.
Le délicieux décor de maison close conçu par Jean-Jacques
Gernol achève de rendre ce spectacle - qui se déroule dans
le cadre de l'exposition Splendeurs et misères, images de la prostitution
1850-1910 - plus que recommandable. Samedi 3 oct 16h, Samedi 10 oct 16h,
jeudi 15 oct 20h30 Auditorium du Musée d'Orsay. JOSHKA
SCHIDLOW
Le
regard de Claude Samuel - DIAPASON - Bogs qobuz
Le
Café polisson - D’Aristide Bruant à Yvette Guilbert,
le répertoire polisson de Nathalie Joly
Enfin, ne pas rater le « Café polisson » (prochaines
représentations le samedi 3 et le samedi 10 octobre à 16
heures, le jeudi 15 octobre à 20h.30), et ses truculentes évocations
d’une Belle Epoque totalement décomplexée.
Les quatre interprètes de cette plongée dans le vice sont
épatants : la chanteuse Nathalie Joly, son pianiste (et chanteur
aussi) Jean-Pierre Gesbert, Louise Jallu, un peu chanteuse et virtuose
du bandonéon et Bénédicte Charpiat, danseuse si l’on
veut, au sexe indéterminé… On ne s’ennuie pas
au Café Polisson et les spectateurs, hier soir, en redemandaient.
Vive la liberté
CLAUDE SAMUEL
CONCERTO
NET.com
The Classical Music Network
Musique au musée - Paris- Musée d’Orsay 09/24/2015
- et 3, 10, 15 octobre 2015 - «Café Polisson»
Chansons de Léon Xanrof, Paul De Kock, Jules Jouy, Aristide Bruant,
Vincent Scotto, Maurice Rollinat, Maurice Boukay, Gustave Nadaud, Jean
Delettre, Roger Lucchesi, Yvette Guilbert... et quelques chansons populaires
Quelle bonne idée a eu le service d’animation culturelle
du Musée d’Orsay de programmer dans son confortable auditorium,
en marge de l’exposition «Splendeurs et misères. Images
de la prostitution 1850-1910», un spectacle musical de qualité
illustrant parfaitement le propos de ce que l’on peut voir un étage
plus haut! Superbement mise en espace par Robert Carsen, l’exposition,
un panorama majeur de ce que l’on peut réunir comme tableaux,
documents, matériel photographique et cinématographique
sur un sujet certes vieux comme le monde mais ayant marqué profondément
la vie sociale et culturelle du XIXe siècle, qui est celui de prédilection
du Musée d’Orsay, se devait d’avoir se prolongement
auditif qui passe par les chansons qui ont proliféré dans
le répertoire des chanteurs, diseurs et chansonniers du début
du XXe siècle. En fermant les maisons closes en 1946, Marthe Richard
n’a certainement pas clos tout un chapitre de l’histoire de
la chanson et du music-hall qui s’est développé autour
de ce sujet pour le moins scabreux et délicat à aborder.
Très judicieux sont les choix de la chanteuse Nathalie Joly, qui
a conçu le spectacle et le mène avec une assurance, un chic,
un art de la chanson et la gouaille des grandes diseuses qui laissent
admiratifs. Le répertoire d’Yvette Guilbert se taille la
part du lion avec des tubes comme Madame Arthur, La Buveuse d’absinthe,
L’Eloge des vieux et la fameuse Partie carrée entre les Boudins
et les Boutons, avec laquelle elle termine un tour de chant magistral.
Aristide Bruant, Vincent Scotto, Léon Xanrof sont aussi au programme
ainsi que d’édifiantes lectures sur les tarifs de prostitution
la plus basse, tarifée au sou près, loin de celle du haut
de l’échelle, de ces «grandes horizontales» qui
pouvaient faire des fortunes selon la générosité
de leurs bienfaiteurs. Avec ses trois acolytes, le pianiste Jean-Pierre
Gesbert, qui se taille un franc succès avec peut être la
plus grivoise chanson de ce florilège, La Raie de Dranem, et Louise
Jallu qui l’accompagne au bandonéon et montre aussi qu’elle
n’est pas en peine de chanter, une danseuse, Bénédicte
Charpiat, et l’intervention de Jacques Verzier et de Jean-Jacques
Gernolle, qui ont mis en scène et créé le très
étonnant décor de ce réjouissant spectacle qui reconstitue
l’ambiance des bordels et du café concert avec un goût
parfait, elle offre dans de somptueux costumes signés Claire Risterucci
et Carmen Bagoe un des plus piquants divertissements que l’on puisse
voir actuellement dans la capitale.
Des opéras filmés évoquant le sujet (Manon, Carmen,
La Traviata, La Périchole), un récital d’Annick Massis,
des concerts de chansonniers, des concerts à l’heure du déjeuner,
des films sont également programmés autour de cette exposition,
la troisième présentée à Orsay après
«Le Nu masculin» et «Sade» sur des sujets de société
depuis que Guy Cogeval en a pris la présidence, et qui sera présentée
au Musée Van Gogh d’Amsterdam en 2016.
Olivier Brunel
CONCERT
CLASSIC.COM
Autour de l’exposition « Splendeurs et misères »
au musée d’Orsay – Le plus vieux métier du monde
et la musique
Réputée le plus vieux métier du monde, l’activité
de courtisane ou de prostituée traverse allègrement les
âges et les conditions sociales. Au XIXe siècle, elle s’intègre
clandestinement au paysage urbain, devient spectacle -— de rue,
comme d’arrière-salle de brasseries ou de maisons closes.
Spectacle haut en couleurs nocturnes, en poses savamment ambiguës,
qui inspire les peintres. De l’Olympia de Manet aux Demoiselles
d’Avignon du jeune Picasso, des gravures de Félicien Rops
aux toiles de Toulouse-Lautrec ou de Degas, le musée d’Orsay
n’avait que l’embarras du choix pour illustrer avec faste
son exposition « Splendeurs et misères, images de la prostitution
1850-1910 ».
Pour le côté « splendeurs », on trouve les tableaux
mondains de Gervex, de Degas, de Boldoni, évoquant le prestige
et l’éclat de l’Opéra (le Palais Garnier, inauguré
en 1875), ses coulisses, son corps de ballet, son traditionnel bal masqué.
Dans son article sur Constantin Guys, « peintre de la modernité
», Baudelaire le remarquait déjà : « les considérations
relatives à la courtisane peuvent s’appliquer à la
comédienne, car, elle aussi, elle est une créature d’apparat,
un objet de plaisir public ». Avec son mélange trouble d’exhibitionnisme
et de voyeurisme, le spectacle, de théâtre ou de musique,
participe à ce climat d’érotisme diffus et de transgression
morale. D’autant plus qu’en cette fin de XIXe siècle,
les cabarets autour de Montmartre font florès, du Chat noir (successeur
du Lapin agile) au Mirliton, d’Aristide Bruant.
Directeur artistique de l’Auditorium du musée d’Orsay,
Luc Bouniol-Laffont a eu l’heureuse idée, pour lancer la
programmation musicale qui accompagne l’exposition, de s’adresser
à la chanteuse Nathalie Joly. Dans la veine de son précédent
spectacle, « Un je-ne-sais-quoi », consacré à
l’art de diseuse d’Yvette Guilbert, elle a conçu ce
« Café Polisson », lieu de rendez-vous à la
fois esthète et grivois, érudit et canaille. Par son ingénieuse
décoration, le plateau de l’auditorium semble prolonger un
tableau de Toulouse-Lautrec, tréteaux de cabaret autant que salon
de maison close. Entourée d’une danseuse garçonne
et longiligne, façon Valentin le Désossé, d’une
joueuse de bandonéon, pour le spleen, et d’un pianiste, Nathalie
Joly revisite, d’un timbre à saveur d’absinthe, les
classiques du caf’conc’ - dont l’énigmatique
et célèbre Madame Arthur. Sans racolage.
Gilles Macassar
LA VANGUARDIA - ÓSCAR
CABALLERO - Lunes, 28 de septiembre 2015
París porta la prostitució al museu
I el 3, 10 i 15 d'octubre, Orsay munta un efímer Café
Polisson (picant), animat per Nathalie Joly, esplèndida
chansonnier especialitzada en el repertori de carrer que va precedir a
Piaf.
París lleva la prostitución al museo
Han desaparecido las salas de filmes X parisinas y el porno tampoco brilla
en la televisión -fue, con el fútbol, el gancho de la televisión
de pago- porque internet pasó por ahí. Pero tras un cortinado
púrpura, crudas películas con más posiciones que
las del Kama sutra atraen a un público inesperado: los visitantes
de Esplendor y miserias de la prostitución (1850-1910), en el Museo
de Orsay. Son cortos, abiertamente pornográficos -los mismos que
coleccionaba el rey Alfonso XIII- resucitados en ese museo, el tercero
más visitado de Francia, cuyo imán principal es El origen
del mundo, de Courbet.
Personaje peculiar, su director, el polémico Guy Cogeval -en el
Museo de los Monumentos Franceses, que dirigió, fueron célebres
sus veladas festivas, multitudinarias, con invitados como Madonna, Mickey
Rourke o Jean-Paul Gaultier-, encadena una exposición del desnudo
masculino, la -espléndida- en torno a Sade y ahora ésta.
¿El museo será el último refugio de lo políticamente
incorrecto?
El crítico de Le Monde , incómodo porque "el eje de
las exposiciones de Orsay tiene forma de falo", titula con la palabra
"racolage", que define en francés la solicitación
de una prostituta, penalizada por el gobierno de Sarkozy, para definir
"la operación de la Gare d'Orsay". Y aunque reconoce
que "los recortes de los presupuestos de los museos obligan a sus
gestores a buscar dinero", se pregunta "si eso justifica la
mul-tiplicación de imágenes de mujeres en posiciones lascivas
y de varones que desnudan su vientre".
Excusa cultural: si la prostitución es en el siglo XIX la profesión
mejor repartida en Europa -Picasso describía el domingo español:
"Misa por la mañana, toros por la tarde y al burdel por la
noche"-, sólo París la convirtió en atractivo
turístico, rasgo sociológico, tema de artistas y camino
transversal de ascensión social y económica de algunas mujeres.
Cogeval, fan de ópera, encargó el decorado a Robert Carsen
(cuyo triunfal Cantando bajo la lluvia vuelve en noviembre al Châtelet)
quien debió distribuir ciento -cincuenta óleos, algunos
de -grandes dimensiones, y otras tantas fotografías, además
de los filmes a los que, junto a las fotos más osadas, encerró
tras las cor-tinas mencionadas. A la entrada de cada espacio, un cartel:
"Prohibido a menores de 18 años".
Son dos altos en un camino que arranca con Ambigüedad: espacio público
y mujeres públicas. Porque en el París iluminado a partir
de 1816, en cuanto se encendían las farolas de gas era necesario
distinguir entre las mujeres vedadas y las que se ofrecían. Pantalones
y cigarro fueron rápidamente una indicación.
El recorrido de Orsay es más explícito: continúa
con París como capital de los placeres; la hora en la que se encendían
las farolas de gas; lo que pasa entre basti-dores; de la espera a la seducción
el lenguaje del cuerpo; Maison closes, escenas de género; imágenes
prohibidas; intimidad entre mujeres; reglamentación versus abolicionismo.
Sala importante: la aristocracia del vicio. "Admi-radas en la Opera,
seguidas por la prensa, esas demi-mondaines ejercen una verdadera fascinación
-dice el catálogo- y dan el tono en materia de moda y de gustos".
Último tramo: imaginario de la prostitución; prostitución
y modernidad; el taller del pintor, teatro de fantasmas y obsesiones;
placeres de amateurs; una orgía de formas y colores...
"A través de las luces mecidas por el viento / la prostitución
ilumina las calles", poetiza Baudelaire en 1861. El autor de Las
flores del mal conjuraba "el pintor de la vida moderna" capaz
de "atrapar la vida subterránea de las grandes ciudades".
La prostitución se convierte en un tema dignificado por el artista,
politizado por la naciente anarquía. Y la prostituta en modelo.
Su divisa está en Orsay: la Olympia de Manet, escándalo
del Salon de 1865 "tanto por su tema -una prostituta desnuda representada
en un gran formato- como por la libertad del pincel".
La muestra está puntuada por nombres ilustres de la literatura
(Balzac, Baudelaire, Flaubert, los hermanos Goncourt, Zola, Maupassant,
Huysmans...) y de la pintura: Courbet, Manet, Toulouse-Lautrec, Forain,
Van Gogh, Munch, Rouault, Ropp. Degas plantó su caballete en el
espacio que separaba, en la Ópera, los camerinos de las bailarinas
-adolescentes, algunas de trece años, hijas de planchadoras-, que
vivían de otra cosa que del miserable cachet de artista, del escenario.
Allí cazaban su presa los señoritos. "El ballet es
innoble: una exposición de muchachas en venta", se indigna
Hippolyte Taine en su Notes sur Paris (1867).
No podían faltar varios Picasso -¿qué muestra de
dos siglos puede obviarlos?-, aunque es una ausencia la que sobrevuela:
el canon del tema, esas Demoiselles d'Avignon -por la calle Avinyó,
de Barcelona-, la escena de burdel más fundamental de la pintura.
Y el malentendido de considerar descripción del placer lo que en
realidad era la crónica de una revisión médica, con
el fantasma de la sífilis, el sida de la época.
Regreso al presente: el 6 de diciembre del 2011 el Parlamento francés,
con rara unanimidad, -votó un piadoso deseo: "El objetivo
de Francia es el de eliminar la prostitución".
En la muestra, látigos de seis colas rematadas por perlas o un
sillón sexy, objetos y documentos, son casi trazas arqueológicas,
pero relegan los matices de Grey a la biblioteca rosa. Una prehis-toria
detallada por diversas publicaciones (además del catálogo,
Les prostituées de Maupassant reeditado por Gallimard y ABCdaire
de la prostitution), es ilustrada también por conferencias, cine
(Las noches de Cabiria, Belle de jour...), ópera filmada (La Traviata,
Carmen ...). Y el 3, 10 y 15 de octubre, Orsay monta un efímero
Café Polisson (pícaro), animado por Nathalie Joly, espléndida
chansonnier especializada en el repertorio callejero que precedió
a Piaf.
Expuesta como una obra, esta frase de una gallega, Carolina Otero, célebre
en París bajo el apelativo de La Bella Otero: "Hice mi fortuna
durmiendo... pero no sola".
Mujeres fáciles, vidas difíciles
Las lorettes ("joven mujer fácil"), las cortesanas, las
demi-mondaines, las "grandes horizontales" componen una sociedad
de clases. En 1802 la Francia napoleónica impone un control médico
a esas cortesanas que el teniente Napoléon frecuentaba en los jardines
del Palais Royal. Dos años más tarde son reglamentadas las
maisons closes, que vivirán en la legalidad casi ciento cincuenta
años, también según niveles de confort y calidad.
En el nivel más alto, las demi-mondaines. En comisaría las
registra un Livret de courtisanes. En el libro, Sarah Ber-nhardt –alternaba
el escenario con las habitaciones de hotel y cobraba en ambos recintos–,
aparece junto a Valtesse de La Bigne, la meretriz que inspiró a
Zola su Nana. En Orsay, La Bigne se deja mirar, retratada en 1876 por
Henri Gervex. Pero es la fotografía la que, desde 1839, crea un
canal paralelo: al trío pros-tituta, macarra, cliente, añade
el de fotógrafo, modelo y comprador. "Millares de ojos ávidos
se fijaban en las lentes de los estereoscopios: el amor por la obscenidad
es tan vivaz en el corazón del hombre como el amor de si mismo",
escribe Baudelaire en 1859. La fotografía prolonga el ojo, "ese
órgano erógeno" estudiado por Freud quien en sus Tres
ensayos sobre la teoría sexual, de 1905, asegura que "la impresión
óptica es la ;vía que más frecuentemente despierta
la excitación libi-dinosa". Y con la aparición del
cine, y su correlato pornográfico, nacerá un oficio nuevo,
pletórico en los diez primeros años del siglo XX.
En fin, Orsay recuerda que si no el alma, el cuerpo de aquellas señoras
era el más limpio de París. En Splendeur et misères
des courtisanes (1847), cuyo título inspiró;el de la exposición,
Balzac, para quien "la prostitución;y el robo son dos protestas
vivaces, hembra y macho, ;del estado natural contra el estado social",
retrata a la cortesana tipo. "Se bañaba y procedía
a una minuciosa toilette, desconocida para la mayor parte de las mujeres
de París porque la ceremonia exige tiempo y las cortesanas disponen
de todo el día".
MUSIKEN
L'air du jour
-- vendredi 25 septembre 2015
Concerts
& dépendances - Côté salle et côté
scène avec les musiciens
Café polisson, les mots, les notes et la chose
A l’Auditorium du Musée d’Orsay : Café polisson,
de et avec Nathalie Joly, en marge de l’exposition Splendeurs et
misères, images de la prostitution, 1850-1910. Mis en scène
façon café-concert par Jacques Verzier, un florilège
de chansons à double, triple ou très simple sens, telles
que les aimait cette Belle Epoque d’autant plus portée sur
la gaudriole qu’elle était collet-monté. L’exposition,
riche de sens et prolixe en chefs-d’œuvre (Toulouse-Lautrec,
Degas, mais aussi Courbet, Vlaminck, Munch ou Picasso, tous très
inspirés par le sujet) mêle le luxe et le sordide, la prison
de Saint-Lazare et les coulisses de l’Opéra, le lit géant
de La Païva et les accessoires de maisons closes, les photos sous
le manteau et les portraits des grandes courtisanes. Nathalie Joly, chanteuse
et comédienne mais surtout « diseuse », va aussi loin,
plus loin parfois, par la façon dont – excellemment soutenue
par Jean-Pierre Gesbert (pianiste), Louise Jallut (bandonéon) et
Bénédicte Chapriat (danse) - elle jongle avec la légèreté
et le désespoir, sans se départir de cette élégance
canaille qui, d’Yvette Guilbert à Colette Renard, perpétue
toute une tradition. Pour l’instant programmé quatre fois
seulement, le spectacle mérite une longue carrière. A compléter,
dans la série Opéra filmé, par des captations rares
de Manon, Carmen, La Traviata et La Périchole (cherchez le point
commun) et, par des récitals… liés au sujet de Felicity
Lott et Annick Massis.
François Lafon
Pleine Vie Café
Polisson : la prostitution en chantant. 02 oct 2015
L'auditorium du Musée d'Orsay s'est transformé durant la
durée de l'exposition "Splendeurs et Misères"
en Café Polisson. L'occasion d'aller applaudir la chanteuse et
comédienne Nathalie Joly. Entrez au Café Polisson. C'est
dans ce décor imaginaire que la comédienne et chanteuse
Nathalie Joly plante une fille de mauvaise vie poussant sa goualante.
Une illustration sonore à la pléthorique exposition Splendeurs
et misères, images de la prostitution présentée au
Musée d'Orsay jusqu'au 17 janvier 2016.
NATHALIE JOLY, L'AUTRE YVETTE GUIBERT L'occasion est unique de découvrir
en ce lieu une quinzaine de chansons choisies par l'interprète
qui s'est déjà illustrée dans le répertoire
d'Yvette Guibert (1865-1944) au cours de trois spectacles consacrés
à la chanteuse et diseuse de Caf' Conc', "muse" de Toulouse-Lautrec.
Qu'il s'agit de complainte de pierreuses, ces prostituées qui racolaient
dans les terrains vagues pour une bouchée de pain, ou de litanie
de Mademoiselle Lapompe déroulant les tarifs de ses gâteries
dans le Catalogue des prix d'amour, le grain de voix est assuré,
la silhouette joliment corsetée et la démarche piquante.
Nathalie Joly est accompagné dans ce récital d'un autre
temps par la danseuse au look androgyne Bénédicte Charpiat,
la joueuse de bandonéon Louise Jallu, sans oublier le pianiste
Jean-Pierre Gesbert. Un charmant spectacle à ne pas manquer en
illustration sonore à l'exposition du Musée d'Orsay.
Catherine George-Hoyau
France
3 région Paris île de France -
L 'agenda culturel
Trois autres idées de sorties dans l’agenda avec tout d’abord
un petit « café polisson » coquin et croustillant à
souhait, à déguster au musée d’Orsay. Un spectacle
musical intimiste qui reprend l’esprit des cafés concerts
de la fin du 19ème et de la belle époque qui fleurissaient
dans la capitale. Dans ces cabarets du plaisir, le style "beuglant"
assimile la chanteuse à la prostituée ou à la cocotte.
Grâce à Yvette Guilbert, qui rompt à l’époque
avec la vulgarité et chante l'omniprésence de la sexualité
dans la vie, la femme chantante deviendra l'artisan de son émancipation.
La prestation d’aujourd’hui est juste et sensuelle, orchestrée
par Nathalie Joly, elle rend hommage à ces courtisanes, demi-mondaines
qui parlaient de sexe sans tabou. Alors vous reprendrez bien une gourmandise
avec le café, non !
ROADS MAG
« SPLENDEURS ET MISÈRES » : ON SE TAPE LA QUEUE AU
MUSÉE D’ORSAY
MUSEE D’ORSAY – exposition et concert consacrés aux
représentations de la prostitution en France de 1850 à 1914.
Rarement on avait chanté, la raie du cul, la feuille de rose, les
délices qu’on peut procurer et que procure un dard, une grande
pine … et autres « je ne sais quoi » sexuels dans l’auditorium
d’Orsay! On n’est plus habitué à entendre Schumann,
Schubert, ou les cantates de Bach; et pourtant Nathalie Joly et La Compagnie
Marche La Route – grâce à la programmation de Luc Bouniol-Laffont
et Sandra Bernhard – débute ainsi la nouvelle saison de l’Auditorium
d’Orsay avec son spectacle « Café Polisson ».
Non ce n’est pas une lubie érotomane des responsables, mais
la programmation musicale de l’Auditorium est toujours en rapport
étroit – n’y voyez pas un jeu de mots dans cette expression
– avec l’exposition réussie qu’offre le Musée
; il y a des heures d’attente pour allez la voir ! « Le Café
Polisson » est un spectacle qui mélange des chansons populaires
coquines et réalistes du Second Empire, des couplets issus du répertoire
d’Yvette Guilbert, des chansons d’Aristide Bruant et d’autres
compositeurs de cafés concerts. Sont ainsi abordés la prostitution,
les bordels, la syphilis, la prison, la veuve alias la guillotine. C’est
un spectacle drôle, intelligemment mis en scène par Jacques
Verzier et chanté et conçu par Nathalie Joly.
C’est une très belle idée, dommage qu’il n’y
ait eu que quelques représentations.
Stéphane Loison
Musicologie.org
Par
Strapontin au Paradis, 21 octobre 2015
Splendeurs et misères au Café polisson du musée d'Orsay
Spectacle de cabaret, création du musée d'Orsay pour l'ouverture
de l'exposition Splendeurs et misères, images de la prostitution,
1850-1910 (24 septembre, 3, 10, 15 octobre 2015).
En descendant l'escalier qui mène à l'Auditorium, on remarque
une transformation : le décor du bar est devenu délicieusement
désuet, à 100 ans en arrière. Le comptoir est entouré
d'un cadre comme un tableau et, centrée en haut de ce cadre, une
plaque indique : « Au Café Polisson 1892 ». Au fond,
on voit une fresque représentant des clients du café fin
de siècle. L'ambiance, en apparence festive et insouciante, est
dans la tonalité de l'exposition.
« Au Café Polisson 1892 » - Splendeurs et misères
: images de la prostitution 1850-1910
La très importante exposition Splendeurs et misères : images
de la prostitution 1850-1910 recueille un franc succès. Elle commence
par une évocation de l'ambiguïté des lieux —
e spaces publics — en s'approchant progressivement de la maison
close.
On peut ainsi y voir, à travers plus de 400 œuvres et documents,
tous les aspects de la prostitution, sociaux, sociologiques, médicaux,
sentimentaux…, mais aussi sous l'angle de la musique et du spectacle.
À cette époque, les artistes de divers horizons recherchent
constamment de nouveaux moyens d'expression et explorent les médias
naissants, dont la photographie et la cinématographie. Il en va
de même pour les musiciens de cabaret, de café-concert et
de music-hall, où les chanteurs rivalisent de talent, en mêlant
le chant au parlé ou « dire » comme Yvette Guilbert
(1865-1944) et Aristide Bruant (1851-1925, actif entre 1864 et 1906).
Il n'est pas rare que les musiciens y côtoient le commerce du «
mal nécessaire ». ...
Café Polisson : représentation d'un lieu à une ambiguïté
sociale
Le spectacle Café Polisson, conçu par la chanteuse Nathalie
Joly avec la complicité du metteur en scène Jacques Verzier
(ils collaborent dans le spectacle « Yvette Guilbert » depuis
près de neuf ans), est produit par la Compagnie Marche la route.
Ses dernières représentations se jouaient à guichets
fermés. Rompue dans le domaine de chansons du Seconde Empire à
la Belle Époque, Nathalie Joly compose une histoire à la
fois drôle et poignante qui se déroule, on le devine, dans
un café-concert au tournant du siècle, où il y avait
souvent en arrière-boutique une pièce « de réception
». Le décor peint de Maïté Goblet, qui couvre
les panneaux du fond de scène, reproduit l'atmosphère d'une
salle de spectacle de cette époque, avec des dames en robe de soirée
et des messieurs en costume et haut-de-forme. Ainsi, nous spectateurs,
regardons ces « gens » peints qui nous regardent : les frontières
du regardant-regardé deviennent floues. L'esprit de l'exposition
est vivant dans cette ambiguïté, tout comme les courtisanes
au théâtre qui « font semblant de séduire alors
qu'elles sont à vendre ». Et comme le dit Guy de Maupassant
(cité dans le programme) : « Société choisie,
sécurité, petits soins et discrétion, cette maison
organisée sur un pied tout nouveau se recommande tout particulièrement
à l'attention du High Life. On y emploie toutes les langues…
»
Chansons grivoises ? Mais si les paroles sont souvent grivoises, paillardes
et parfois vulgaires, le spectacle ne l'est aucunement. Les chansons sont
toutes chantées avec art, le fameux « parlé-chanté
» est merveilleusement mis en avant avec un dosage très juste
de l'un et de l'autre ; la diction parfaite (certains chanteurs du classique
devraient apprendre beaucoup d'elle !) ; les regards et les expressions
du visage et du corps racontant les sentiments inexprimés par les
mots ; les gestes parfois osés, mais jamais grossiers…
Nathalie Joly chante entre autres Paul de Kock (1793-1871), Gustave Nadaud
(1820-1893), Aristide Bruant (1851-1925), Léon Xanrof (1867-1953),
Vincent Scotto (1874-1952), et bien sûr, Yvette Guilbert (1865-1944),
tous ces chansonniers qui ont marqué leur époque. «
Pierreuse, demi-mondaine, verseuse, gueuse, syphilitique, mais aussi buveuse
d'absinthe, adeptes des amours saphiques, dame entretenue, tenancière
ou petite bonne, sont les figures centrales des chansons que nous avons
choisies : La musique raconte un moment intime de leur solitude. La polissonnerie,
la coquinerie et l'humour sont un exutoire bienvenu dans ces vies souvent
moins roses que la soie de leurs dessous fripons ! » écrit
la chanteuse dans le programme. Dans le spectacle, la danseuse Bénédicte
Charpiat, par son étonnant physique androgyne, apporte une délicieuse
touche « décadente ». Les costumes de Claire Risterucci
et Carmen Bagoe, nous font plonger dans le style et dans la mode de l'époque
: des kimonos, très appropriés compte tenu de la vogue exotique
qui « sévissait » littéralement le milieu artistique
parisien, contribuent à créer une ambiance authentique.
Le pianiste Jean-Pierre Gesbert, partenaire de scène de la chanteuse
de longue date, et la jeune Louise Jallu au bandonéon, sans oublier
le « pompier de l'auditorium du Musée d'Orsay » qui
se met à chanter un numéro rigolo, tous dans une scénographie
de Jean-Jacques Gernolle, font naître un univers particulier, extrêmement
réussi, sous la lumière souvent tamisée, mais avec
des « sp ots
» efficaces de Carla Tomé. Un très beau spectacle
qui met l'accent sur un immense patrimoine musical de notre pays : chanson
de café-concert et de cabaret. Nous espérons une longue
vie pour ce spectacle pour que nous puissions le revoir encore et encore.
FESTIVAL
D'AVIGNON 2018
RFI
- LA DANSE DES MOTS

IO
GAZETTE 11-07-208

WEBTHÉÂTRE
19-07-2018

VAUCLUSE
MATIN 23 JUILLET 201

BLOG THÉÂTRE
23-07-2018

LICRA
11-07-2018

TOUTE LA CULTURE 16-07-2018

CARNET
PSY JUILLET 2018

OSMOSE
RADIO 23
juillet 2018
http://www.osmose-radio.fr/off-2018-cafe-polisson/
Stéphane le Dallou interview Nathalie Joly
CAUSETTE
6
mars 2019

TELERAMA
mars
2019 par M.C. Mardi

ALLEGRO
THEÂTRE 7 mars 2019
Mise en scène avec malice par Jacques Verzier, la chanteuse Nathalie
Joly qu'entourent la danseuse Bénédicte Charpiat, la bandéoniste
Carmela Delgado et le pianiste Jean-Pierre Gesbert nous plonge au coeur
des caf'conc et autres bastringues de la Belle époque. Les chansons
qu'a dégotté la comédienne-chanteuse et qu'elle interprète
de délectable façon sont, on ne s'en étonnera pas
d'une franche gaillardise. Les attitudes qu'elle prend sont celles des
modèles des tableaux de femmes dites de mauvaise vie aussi appelées
les bitumeuses, les rôdeuses ou les fleurs de pavé. Les termes
par lesquels on désignait celles qui vivaient de leurs charmes
étaient à l'époque d'une imagination débordante.
Vêtues avec l'élégance du trottoir par les soins des
talentueuses Claire Risterucci et Carmen Bagoé, Nathalie Joly joue
les coquines et compte inlassablement les sous que lui apportent ses activités.
Elle rappelle aussi le sort de celles détenues à Saint Lazare,
le corps miné. Ne voulant pas clore le spectacle sur une note sombre,
elle nous gratifie, in fine d'une chanson leste qui met tout le monde
en joie. Un régal que cette représentation à une
époque où la crudité a si méchante réputation;
Jusqu'au 3 avril -Théâtre de l'Epée de bois tél
01 48 06 39 74
Joshka Schidlow
DPMV
Février 2019
“Café
polisson”, bientôt au Théâtre de l’Épée
de bois
J’ai eu le privilège d’avoir un avant-goût du
talent de Nathalie Joly dans le cadre feutré et chaleureux des
caves Legrand. C’est là, au milieu d’un miroitement
de verres et de bouteilles du plus bel effet, que j’ai pu assister
à un extrait de son spectacle, adapté spécialement
à la dimension intimiste du lieu. Une soirée en bonne compagnie,
entre amateurs de (bons) vins et de (bons) mots.
Mais qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse
! J’ai particulièrement apprécié ce numéro
de chant drôle et émouvant qui m’a transportée
à la Belle Époque, dans l’ambiance canaille des cabarets
parisiens. Ces chansons grivoises, puisées dans le répertoire
populaire ou dans celui d’artistes reconnus (Yvette Guilbert, Aristide
Bruant…) racontent la vie des courtisanes et autres fleurs du trottoir.
On rit beaucoup, mais on n’en oublie pas pour autant la misère
de leur condition…
Avec gouaille et piquant, Nathalie Joly leur a rendu un joli hommage.
Accompagnée par son complice Jean-Pierre Gesbert au piano, et Carmela
Delgado au bandonéon, elle a égrené quelques chansons
de son répertoire, au nom ô combien évocateur : La
Pierreuse consciencieuse, L’Éloge des vieux, La Grande Pine,
La Buveuse d’absinthe…
Après ce savoureux amuse-bouche, il me tarde de la retrouver avec
son équipe au complet au Théâtre de l’Épée
de bois au mois de mars !
Véronique Tran Vin
FRANCE
MUSIQUE - ALLEGRETTO
Le 8 mars 2019, par DEnisa Kerschova
pour la journée de la femme
LCI
VIS LEURS VIES
Marianne Kottenhoff -
Le 17mars 2019
Voir le reportage
CAFÉ POLISSON, LA VOIX DES FEMMES
Vis
Leurs Vies vous invite au Café Polisson, un spectacle
de la comédienne et chanteuse Nathalie Joly sur la prostitution
à la Belle Epoque...Un hommage à ces femmes qui se sont
émancipées et ont été les artisanes de notre
liberté
REGARTS
12 mars 2019
Créé en 2015 au musée d’Orsay pour l’exposition
« Splendeur et Misère, images de la prostitution 1850 –
1910 », CAFE POLISSON fait l’objet d’une judicieuse
reprise au Théâtre de L’Épée de Bois.
Conceptrice et interprète principale de ce passionnant spectacle
Nathalie JOLY entraîne le spectateur d’aujourd’hui dans
l’univers trouble et troublant des cafés-concerts parisiens
de la Belle Epoque. Le public d’alors, bourgeois et surtout masculin,
venait se divertir et s’encanailler à l’écoute
de chansons grivoises qui multipliaient les allusions à la sexualité.
À la fin des représentations, les chanteuses, danseuses,
actrices qui se produisaient dans ces établissements, étaient
tenues de se rendre disponibles et d’accepter les hommages de leurs
admirateurs. En un temps où la femme n’avait que le droit
de se taire et de s’enfermer chez elle, toute artiste qui montait
sur scène et osait s’exprimer devant un public était
assimilée à une «fille publique». Au fil d’une
quinzaine de chansons coquines ou cruelles, souvent drôles parfois
poignantes, se dessine un demi-monde composé de courtisanes, de
cocotes, de pierreuses, de bitumeuses, de filles de joie…, toutes,
gouvernées par la misère et soumises à l’argent
des hommes, aux maladies vénériennes, à la déchéance,
à la solitude et à l’amertume. Puis vint Yvette Guilbert
qui donna ses lettres de noblesse à la chanson populaire. Son travail
artistique fut admiré par de nombreux intellectuels notamment le
Docteur Freud avec lequel elle échangea une correspondance suivie.
Yvette Guilbert explora en profondeur le monde des miséreux et
de la prostitution. Par ses musiques, son invention du « parler
chanter », elle sut rendre au répertoire des bas-fonds de
l’époque toute sa richesse artistique et sa dignité
humaine. Dans un décor signé Jean-Jacques Gernolle, inspiré
de Renoir, Degas et Toulouse Lautrec, évoluent sur une mise en
scène de Jacques Verzier, la chanteuse Nathalie Joly, la danseuse
et comédienne Bénédicte Charpiat qui campe avec classe
un personnage trouble au physique androgyne, la jeune bandonéoniste
Carmela Delgado qui incarne avec charme une prostituée très
novice, le pianiste chanteur Jean-Pierre Gesbert, le pompier chanteur
Jacques Verzier. Saluons tout particulièrement Nathalie Joly tant
pour son interprétation vocale exceptionnelle que pour ses recherches
musicologiques approfondies qui ont redonné vie à un patrimoine
musical injustement oublié. Un grand bravo à toute cette
équipe qui a su faire de Café Polisson un véritable
morceau d’anthologie. Nadia Baji
FROGGY’S DELIGHT
Le 17-03-2019
CAFÉ POLISSON - THÉÂTRE DE L’EPÉE DE
BOIS (PARIS)
Après s'être plongée dans l'histoire de la chanson
française de la Belle Epoque pour dispenser un triptyque biopico-musical
consacré à Yvette Guilbert*, figure légendaire du
caf'conc et de la scène montmartroise, Nathalie Joly continue d'actionner
la machine à remonter le temps. Et ce jusqu'au Second Empire pour
puiser dans le corpus des chansons consacrées aux dames dites "de
petite vertu" et concevoir un "Café Polisson" qui
retrace les misères davantage que les splendeurs de la prostitution
"ordinaire" de celles qui n'appartiennent pas à la catégorie
des cocottes, courtisanes et demi-mondaines ayant pignon sur rue. Dans
le Paris capitale des plaisirs, en un temps où règnent la
misère plébéienne et le sexe tarifié légalisé
considéré comme "un mal nécessaire" avecs
ses maisons closes et le racolage de nuit autorisé, péripatéticiennes
occasionnelles ou filles publiques, constituent le "tout venant"
à bon compte : pierreuses des terrains vagues, fleur de bitume
arpentant le trottoir ou prestataire patentée en appartement. Pour
raconter indique-t-elle "un moment intime de leur solitude",
dresser un panorama de la prostitution et rendre hommage à celles
qui y succombèrent, Nathalie Joly a opté pour un florilège
de chansons, truculentes, grivoises voire paillardes, et mélodramatiques.
Et si certaines sont connues telles "Madame Arthur", "La
buveuse d'absinthe", "La Pierreuse", "A Saint-Lazare"
et "Partie carrée chez les Boudin et les Bouton", la
plupart constituent d'inattendues découvertes comme "Je ne
suis pas une énervée," La bonne mère" et
"Les gueuses". Ressortant au registre du théâtre
musical et mis en scène par Nathalie Joly et Jacques Verzier, le
spectacle se déroule en costumes, confectionnés par Claire
Risterucci, dans un superbe décor de cabaret d'époque scénographié
par Jean-Jacques Gernolle avec, notamment, les immenses toiles en fond
de scène reproduisant des peintures de Maïté Goblet.
Il est dispensé par Nathalie Joly avec la complicité du
comédien-pianiste Jean-Pierre Gesbert à l'humour espiègle
- l'inénarrable "La Raie", la participation de Carméla
Delgado au bandonéon, de Gilles Vajou pour "ouvrir la fenêtre"
et, campant des personnages interlopes, de la danseuse Bénédicte
Charpiat. Comédienne, Nathalie Joly incarne avec sensibilité
ces femmes au destin fatal et, chanteuse lyrique à la tessiture
de soprano, maîtrise tous les registres, du fripon au drame pour
cette réussie immersion thématique dans le patrimoine musical
français. Martine Piazzon
• Triptyque Yvette Guilbert :
"Je ne sais quoi "
" En v'là une drôle d'affaire"
"Chansons sans gêne "
Plays to see, INTERNATIONAL THEATER
REVIEW 22 mars 2019
Located in the middle of the Vincennes forest, right after the horse stables,
is a lovely wooden theatre with high ceilings and wood carvings on the
walls called le Théâtre de l’Epée de Bois. The
play currently showing lives up to the extraordinary setting. Created
at the Orsay Museum for the opening of the “Splendour and Misery.
Pictures of Prostitution, 1850-1910” exhibit back in 2015, Café
Polisson takes place in a Parisian cabaret or “café-concert”
surrounded by spectators; in front of the scene is the real audience but
behind it are painted spectators offering a mirrored reflection of society.
By the entertaining means of music, dance, humour and sarcasm, five actors
enter a smoke filled stage to sing about their life in the cabaret. Every
night, the courtesans list their prices to their exclusively male clientele,
using humourous detours to avoid censorship. They talk about what it’s
like, how they started (the youngest is only 14) and how the money adds
up only to fall into the hands of a man. The actors can sing, play various
instruments (piano, accordion, trumpet, guitar), dance, and certainly
act. After an energetic start, with a couple of duos between the lead
singer and the pianist with little interaction between the two. As soon
as the fabulous Bénédicte Charpiat-Kerr walks in, with a
new disguise at every entrance, all is forgotten. Her metamorphoses as
a prostitute, as an elegant young man, a cabaret dancer and even as a
projection screen are jaw-dropping. After work, when the green light settles
in the cabaret, she sits down alone with a glass of absinthe, her hand
holding her tired face – beautifully illustrating her solitude and
simultaneously reminiscent of Picasso’s Absinthe Drinker. The play
is a tribute to the courtesans, to the absinthe drinkers, to the showgirls,
to the independent women. It’s not a mere coincidence that the show
starts the week of International Women’s Day. Chloé Darnaud
L’HUMANITÉ samedi
23 Mars, 2019
Théâtre musical. Fille de joie ce
n’est pas toujours très gai
Dans son « Café polisson » Nathalie Joly fait savourer
toute la saveur des mots les plus crus pour dire en chanson le quotidien
des femmes légères et de celles qui ont le trottoir pour
salon.
La grande et jolie toile peinte de Maïté Goblet qui ceinture
le fond de scène plante le décor, c’est le cas de
le dire. L’ambiance est celle d’un grand cabaret du 19e siècle,
d’un théâtre des aventures humaines. A l’heure
de ce que l’on a souvent dénommé La belle époque.
Celle d’une bourgeoisie qui trouvait de l’agrément
en s’encanaillant dans des lieux dits parfois de perdition, que
dénonçaient avec l’hypocrisie que l’on sait
des troupes de bigots et de vertueux. Ce « Café polisson
» a été créé en 2015 au musée
d’Orsay à Paris pour l’ouverture de l’exposition
« Splendeurs et misères, images de la prostitution 1850-1910
».
Au piano et à la trompette, Jean-Pierre Gesbert conduit son petit
monde, la danseuse, Bénédicte Charpiat, la bandonéoniste
Carmela Delgado, les chanteurs Gilles Vajou ou Jacques Verzier, qui signe
aussi la mise en scène, et Nathalie Joly, qui a conçu le
spectacle. Une vingtaine de chansons racontent les petites joies et les
grandes peines de ces filles des rues, brocardées à l’occasion,
méprisées, mais « utilisées » par les
mêmes souvent.
Certains airs, jadis interprétés par Yvette Guilbert, comme
« Madame Arthur » son restés populaires et disent «
la chose » à mots couvert. D’autres, comme «
ouvre la fenêtre », « la raie » ou encore plus
simplement « La grande pine » parlent du sexe sans se cacher
derrière un petit doigt, en toute décontraction, mais aussi
en toute tarification. Car il s’agit avant tout de se mettre au
diapason de la prostitution à la fin du 19e siècle. C’est
ainsi, et c’est joliment drôle, que nos dames récitent
la liste des prix pratiqués pour tel ou tel acte que l’on
ne décrira pas ici, mais il y a pour tous les gouts, toutes les
bourses et toutes les curiosités.
Ce « Café polisson » qui n’est pas recommandé
aux jeunes oreilles, encore qu’il n’est jamais trop tôt
pour s’instruire de certaines choses de la vie, est construit comme
un tour de chant documentaire. « A la belle époque les diseuses
développent l’art des inflexions pour échapper à
la censure, multipliant les allusions à la sexualité »
explique Nathalie Joly. Au répertoire allant du second empire à
la sus dite « Belle époque », s’ajoutent quelques
refrains moins anciens pour compléter le panorama de ce programme
qui lève le voile et la cuisse au delà des conventions.
Et si c’est redoutablement cru parfois, c’est dit et chanté
avec manière et courtoisie, donc jamais vulgaire. Avec une parole
de pauvres filles, transposées par quelques artistes d’alors,
et dont il faut mémoire garder.
Gérald Rossi
REGARD EN COULISSE vendredi 29 mars 2019
Epatant café qui n'est pas que fripon ou polisson, mais qui invite
à un beau voyage.
Dans le superbe théâtre en bois de la Cartoucherie, le spectateur,
accueilli par l’ouvreur et le pompier de service, se trouve plongé
dans une ambiance « caf’ conç’ ». La beauté
d’une scénographie de toiles peintes magnifiées par
des éclairages subtils et une bande son soignée permettent
de se plonger dans ce monde interlope. Quelques éléments
de décor attendent sagement de prendre vie : là une table,
ici un promontoire rond, là des tapis, ici un piano. Une femme,
comme l’âme du lieu, impeccable Bénédicte Charpiat,
plante le décor avant que n’arrive celle qui va égrener
un chapelet irrésistible de chansons réalistes, mais pas
que. Nathalie Joly connaît la chanson puisqu’elle explore
depuis bientôt une décennie ce répertoire, avec comme
guide Yvette Guilbert. Plusieurs spectacles sont nés de cette rencontre,
à chaque fois séduisants et instructifs. Ici les relations
tarifées, qu’elles soient théâtrales ou simplement
entre êtres humains, seront au centre de ce spectacle musical de
très haute tenue. L’interprète une fois encore se
révèle être la digne héritière de ces
diseuses d’un temps révolu. Mettre en avant ces airs peu
connus stimule chaque spectateur, le bouscule, l’invite à
réfléchir sur divers sujets, au centre desquels la condition
féminine et son évolution.
Car si nombre d’airs prêtent à s’amuser, tant
l’inventivité des paroles et des images utilisées
atteignent des sommets, la tonalité du spectacle révèle
une certaine gravité. Au piano Jean-Pierre Gesbert ne se contente
pas d’être un brillant accompagnateur, mais se trouve intégré
de manière maligne dans le spectacle tout comme le pompier de service
qui ne fera pas que des pompes. Elégante et précise mise
en scène signée Jacques Verzier, qui donne sa juste place
à chacun et chacune. Ainsi Carmela Delgado qui n’a pas que
quelques morceaux de bandonéon à jouer, mais occupe discrètement
une place de choix dans le récit. Evocation d’un temps ancien,
donc, mais avec quelle fougue et quelle modernité. Il ne reste
que trois représentations, rendez-vous à la Cartoucherie
pour ce rendez-vous passionnant.
Rémy Batteault
CULTURE-TOPS 30
mars 2019
Un café à déguster sans modération
RECOMMANDATION En priorité
"Café Polisson" est un spectacle de théâtre
musical qui évoque l'ambiance festive des années 1900, La
Belle Epoque, avec sa part d'insouciance artificielle et de joyeuse folie.
C'est ambitieux, maîtrisé, avec de vrais moments de grâce.
THÈME Nous sommes à la Belle Epoque, on s'encanaille, on
se presse au caf'conç entre le Moulin Rouge et Montmartre, dans
la capitale des plaisirs qu'est Paris vers 1900. Au cabaret, on écoute
les chansons friponnes d'Yvette Guilbert et populaires d'Aristide Bruant.
C'est le règne de la danse à jupons et du théâtre
coquin ou règnent prostituées et cocotes avec ces fameuses
"diseuses" qui débitent grivoiseries et rimes paillardes
à n'en plus finir. Toulouse-Lautrec n'est pas loin, qui immortalisa
cette reine du café concert ; Sigmund Freud non plus, subjugué
par l'engagement pour la cause des femmes d'Yvette, cette féministe
avant l'heure. Ainsi, souvent sur le ton du "phrasé chanté",
ancêtre du rap d'aujourd'hui, inventé par Yvette, l'artiste
chanteuse Nathalie Joly égrène-t-elle les chansons grivoises
sublimes qui ont fait fureur à l'époque : "la Pierreuse
consciencieuse", "Madame Arthur", "la Buveuse d'Absinthe",
"les Gueuses", l'Eloge des Vieux" (elle ira même
les repérer dans la salle)... pour ne citer que les plus "convenables".
Du 1⁄2 sou au louis, aucun tarif ne nous est caché, aucune
position ne nous est épargnée. La ritournelle des prestations,
sans lasser car elles changent tout le temps, nous fait tourner la tête,
au son des voix de Nathalie et de ses deux acolytes, accompagnées
par un pianiste genre bastringue très intrusif. Ah la belle époque!
Humour, émotion, poésie sont au rendez vous, avec trivialité
certes, mais sans vulgarité. La mise en scène "cabaret"
et les costumes d'époque sont à l'unisson, sublimes !
POINTS FORTS - D'abord saluons la prestation exceptionnelle de la comédienne
chanteuse, Nathalie Joly. Elle illumine le spectacle par sa présence,
sa voix à la fois suave et cristalline et... ses déshabillés
froufroutants. Nathalie Joly n'en est pas à son premier essai.
On peut dire qu'elle a créé ce spectacle sur commande il
y a déjà 4 ans (pour le musée d'Orsay) et ce, pour
une noble cause : celle des femmes, les femmes exploitées, les
femmes victimes, les femmes condamnées au trottoir et à
l'alcool ; le rôle de la Buveuse d'absinthe est emblématique
à cet égard. L'interprète d'Yvette Guilbert aurait
bien mérité cette Victoire de la Musique pour laquelle elle
a été nominée 3 fois. - Les talents de danseuse de
Bénédicte Charpiat, sorte de Liza Minnelli masculinisée,
en frac, comme sortie d'un tableau de Modigliani; la complicité
"freudienne" du pianiste. - La mise en scène et les décors
qui brossent un tableau vivant, à la fois réaliste et impressionniste,
de ce demi-monde où se mêlent bourgeoisie et courtisanes
avec en outre la mise en avant de "la dansomanie" émergente
dès la fin du 19e ; les retombées artistiques sont évidentes,
l'étude de mœurs et l'ambition sociale aussi. Comme le dit
le CD recueil de chansons éditées par le musée d'Orsay
c/o Frémeaux & Associés, il s'agit bien d' « un
répertoire de chansons grivoises ET sociales » - Et bien
sûr les textes, savoureux et drôles, comme la chanson "Partie
carré des Boudins et Boutons"
POINTS FAIBLES Je n'en vois vraiment aucun. On se lève tous pour
un café polisson ! Il vaut quand même mieux laisser les enfants
à la maison...
EN DEUX MOTS ... C'est toute une époque mais cet humour traverse
les siècles car le monde est monde. Un café à déguster
sans modération, l'esprit libre, en laissant complexes et préjugés
au vestiaire.
L'AUTEUR Nathalie Joly, auteur-comédienne, est une artiste poly-talentueuse.
C'est, à un peu plus de quarante ans, la tête, les jambes,
la voix du théâtre musical d'aujourd'hui. Un exemple : elle
obtient simultanément le 1er prix de chant à l'unanimité,
le 1er prix de musique de chambre au CNR de Boulogne-Billancourt et une
maîtrise de philosophie à la Sorbonne. Elle débute
dans la troupe de Philippe Adrien avec la création des "Rêves"
de Kafka. Elle poursuit sous la direction de Michel Rostain ("Jumelles"),
continue avec Maurice Durozier, puis avec Alain Françon à
l'Opéra de Lyon dans "La vie parisienne" d'Offenbach
; elle chante Kurt Weill avec le Surabaya Trio, elle réalise "Je
sais que tu es dans la salle " à propos d'Yvonne Printemps.
Nathalie Joly explose avec la création d'une trilogie sur Yvette
Guilbert, puis "Café polisson" réalisé
à la demande du Musée d'Orsay dans le cadre de l'exposition
"Splendeurs et misères, image de la prostitution 1850-1910)"
en 2015. La trilogie sera jouée 500 fois dans 15 pays. Le premier
épisode rassemble l'intégralité de la correspondance
entre Freud et son égérie Yvette. Le Théâtre
du Soleil d'Ariane Mnouchkine accueille l'intégrale de la trilogie
fin 2017. Nathalie Joly enseigne à l'école du cirque mais
elle se produit partout dans le monde... jusqu'en Afghanistan. Une chance,
elle est donc à l'Epée de bois pour encore quelques jours,
la polissonne !
Rodolphe de Saint Hilaire
DMPVD Des Mots Pour Vous Dire 31
mars 2019D’emblée, le décor chamarré nous transporte
dans l’ambiance des théâtres et des cafés-concerts
de la Belle Époque. Le quotidien des chanteuses de beuglant prend
forme sous nos yeux avec sa truculence, son sens de la fête et de
la sensualité, sans occulter son lot de misère, de maladie
et d’exploitation. Dans ce tourbillon de musique et de chansons,
se côtoyaient demi-mondaines et artistes, souvent obligées
de vendre leurs charmes pour survivre. À l’énoncé
de la liste des plaisirs proposés, on oscille entre rire et consternation
: du désir le plus simple au plus incongru, tout est prévu
et… tarifé, avec une précision digne d’un fonctionnaire
des finances.
Dans sa robe de velours pourpre et ses dessous froufroutants, Nathalie
Joly incarne à merveille la « diseuse » du Second Empire,
qui ravissait le public avec ses allusions à peine voilées
à la sexualité. Une joueuse de bandonéon, une danseuse
troublante d’ambiguïté et un pianiste sont ses complices
talentueux. Avec beaucoup d’esprit et de gouaille, la jeune femme
nous fait (re)découvrir un répertoire populaire et grivois,
parfois triste, parfois léger, souvent d’un humour mordant,
signé Aristide Bruant, Gustave Nadaud, Yvette Guilbert…
Elle vient au milieu du public pour faire L’Éloge des vieux,
nous émeutavec La Buveuse d’absinthe, nous fait rire avec
la Partie carrée des familles Boudin et Bouton. D’autres
chansons – dont certaines plus récentes – décrivent
sans fard la condition des femmes de la rue comme de celles qui se prostituaient
pour accéder à un statut social meilleur.
La mise en scène ingénieuse de Jacques Verzier nous fait
découvrir un pan de la vie culturelle de cette époque. Ainsi,
les voiles que porte la danseuse deviennent un écran sur lequel
sont projetés des extraits du film d’Alice Guy (qui a inventé
le film de fiction), montrant l’engouement pour la danse.
Une soirée à la fois drôle et émouvante où
l’on touche du doigt le destin de ces femmes courageuses, qui affirmaient
en chansons leur soif de liberté.
Plus que quelques dates pour assister au spectacle, dépêchez-vous
de réserver !
Véronique Tran Vinh
|